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FNAS : rencontre avec Philippe de Beco

Jérémy Becam
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Philippe de Beco

Le président de FNAS répond à nos questions. 

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Comment la profession a-t-elle vécu 2020 entre la crise Covid et la forte reprise de l’activité à partir de septembre ?

Philippe de Beco : Les entreprises adhérentes de la FNAS ont évidemment d’abord été sidérées suite à l’annonce du premier confinement mais ont rapidement su faire preuve de résilience et se sont très rapidement ré-organisées en mode dit « dégradé » pour pouvoir servir leurs clients et répondre aux urgences. Leur activité a été fortement ralentie pendant cette période (jusqu’à -50 % au plus fort de la crise). Celle-ci s’est finalement relancée à un rythme effréné grâce à la reprise des chantiers et au fait que nous avons obtenu le statut de commerces considérés comme essentiels à partir du deuxième confinement grâce au travail de lobbying que nous avons mené avec les autres Fédérations du négoce de l’approvisionnement du bâtiment et la CGI, ce qui fut un beau succès collectif et un soulagement. En définitive, l’année s’est terminée sur une baisse mesurée de notre marché de l’ordre de 2,8 % que nous n’espérions pas.

Comment se porte le marché depuis le début de l’année ?

P. d. B. : L’activité de ce premier quadrimestre 2021 reste très soutenue et notre marché enregistre des hausses importantes, non seulement par rapport à 2020 mais aussi à 2019 qui était déjà une année record. Les carnets de commandes de nos clients sont pleins pour les prochains mois, ce qui pourrait augurer une bonne, voire très bonne année, 2021. Le marché du génie climatique est porté par les soutiens publics en faveur de la rénovation énergétique. Leur efficacité est bien sûr liée à leur simplification et à leur pérennité. Le fait que le budget de l’Anah ait été augmenté pour pouvoir faire face au nombre important de dossiers MaPrimeRénov’ est bien sûr une bonne nouvelle. Un bémol néanmoins : les différentes mesures à l’encontre des installations aux énergies fossiles, dans la construction neuve comme en rénovation, sont évidemment préoccupantes et nous obligent à accélérer la mutation de nos activités vers les énergies renouvelables. Le secteur du sanitaire, quant à lui, accueille favorablement les propositions en faveur de l’adaptation du logement portées par Luc Broussy suite à la publication de son rapport le 26 mai dernier, notamment celle concernant la possible mise en place d’un dispositif d’aide, MaPrime Adapt’, sur le principe de MaPrimeRénov’, en espérant qu’elle saura faire oublier l’arrêt brutal du dispositif d’Action Logement, le vieillissement de la population et l’adaptation du logement étant des sujets majeurs pour ces prochaines années.

Y-a-t-il eu l’arrivée de nouveaux adhérents au sein de la fédération ?

P. d. B. : La FNAS a en effet accueilli un nouvel adhérent en 2020 : HAC Harmony Air Conditioning, grossiste indépendant en chauffage climatisation et distributeur exclusif de la marque Hitachi. La société a été créée en 1999 et est dirigée par Alain Trecco. Elle compte 10 points de vente basés essentiellement en PACA, dans le nord et dans le centre de la France, et emploie 74 salariés.

« Le rythme d’avancement des chantiers risque d’être fortement ralenti et la santé financière de nos clients pourrait en être affaiblie »

La confédération Geod accueille désormais la FND depuis fin juin. Quel impact sur vos marchés ?

P. d. B. : J’avais placé mes différents mandats à la présidence de la Fnas sous le signe du rapprochement et de l’échange car je suis persuadé que c’est une des clés de la réussite pour nos fédérations et nos entreprises adhérentes.  Ces derniers mois ont confirmé la pertinence de tels processus. La première étape fut la création, de la Confédération des distributeurs professionnels du bâtiment et de l’industrie, Geod, dès le courant de l’année 2019, les synergies entre la FNAS et la FDME étant nombreuses. Nous avions souhaité commencer à mener nos combats communs au sein d’une structure confédérale, souple et suffisamment flexible pour pouvoir être agiles et accueillir d’autres fédérations, tout en préservant l’indépendance de chacune d’entre elles. Il est également important de préciser que les missions de Geod s’inscrivent en parallèle de celles de la CGI qui joue un rôle majeur dans la défense des intérêts du commerce BtoB en général. Après des mois de discussion, nous avons franchi une nouvelle étape significative pour Geod avec l’adhésion en effet, le 15 juin dernier, de nos homologues de la Fédération nationale de la Décoration, la FND. Je me réjouis que nos trois Fédérations unissent leurs forces et leurs compétences pour co-construire une structure représentative et visible, Geod représentant un marché total de 15 milliards d’euros. L’une des premières actions concrètes de Geod est le recrutement d’une responsable environnement, développement durable et RSE, en la personne Kim Si Hassen, qui a pris ses fonctions dès ce mois de juillet. En parallèle, la Fnas et la FDME poursuive le processus de rapprochement définitif de leurs deux Fédérations au sein d’une nouvelle entité.

La crise Covid a-t-elle eu un impact sur votre développement numérique ?

P. d. B. : Cette crise a en effet montré l’importance d’accélérer sur la mutation digitale de nos entreprises. Les adhérents de la Fnas développent de plus en plus des outils pour accompagner leurs clients tels des logiciels de conception 3D, des configurateurs, etc. Les entreprises peuvent s’appuyer notamment sur le format d’échanges de données-produits Fab-Dis, très répandu dans le domaine du sanitaire-chauffage, et sur le modèle Etim en ce qui concerne les données techniques. Fab-Dis comme Etim ne cessent de se développent, tant en termes de nombre d’utilisateurs que de fonctionnalités.

Quelles leçons tirez-vous de cette crise ?

P. d. B. : Maintenir et consolider le lien de proximité avec nos clients, développer les services, affiner l’expertise et le conseil sont également autant de sujets à renforcer au sein de nos entreprises. La formation des jeunes et la montée en compétence de nos salariés pour pouvoir s’adapter à ces mutations sont des défis majeurs pour lesquels la Fnas est pleinement engagée au travers de l’Opco Akto qui soutient la CGI et les Fédérations de l’approvisionnement du second œuvre du Bâtiment que sont la Fnas, la FDME et la FND, dans la création d’un Edec “Rénovation énergétique et transition numérique” notamment. La Fnas participe également activement au groupe de travail « attractivité des métiers » de l’Afpac et intensifie ses partenariats avec les établissements qui délivrent les formations qui correspondent aux besoins de nos entreprises.

D’autres dossiers sont-ils en cours pour le reste de l’année ?

P. d. B. : Nous allons également devoir nous préparer à de nouvelles contraintes environnementales réglementaires, qu’il s’agisse de la mise en œuvre de la REP des produits et matériaux de construction du bâtiment dans le cadre de la loi Agec, des obligations de reprise des produits usagés soumis à REP qui incombent aux distributeurs, des outils de traçabilité qui vont être mis en place, de la loi Climat & Résilience ou encore de la RE 2020. A notre sens, ces mesures sont nécessaires pour permettre à la France d’atteindre son objectif de neutralité carbone d’ici à 2050 et nous sommes pleinement conscients de notre rôle à jouer, à la fois en tant qu’entreprises, consommateurs et citoyens pour contribuer à l’atteinte de cet objectif. Mais nous ne pouvons accepter de nous engager au-delà de nos responsabilités. Nous restons également en alerte et mobilisés, de concert avec nos partenaires d’autres fédérations, sur leur faisabilité dans les délais impartis et sur leur impact sur nos activités. Enfin, nous restons en alerte sur la mise en œuvre de l’arrêté du 11 septembre 2020 concernant les douches zéro ressaut et dialoguons régulièrement avec les organisations d’industriels, de promoteurs, d’installateurs etc., très impliquées, pour être informés des problématiques que soulèvent cette nouvelle réglementation et des solutions techniques qui pourront y être apportées.

Quel impact a l’inflation des coûts des matières premières et de certains produits finis sur vos adhérents et votre secteur ?

P. d. B. : Les pénuries de matières premières et les problèmes de fret qui provoquent des retards dans les approvisionnements et des hausses de prix conséquentes que personne ne semble maîtriser suscitent bien sûr l’inquiétude. Le rythme d’avancement des chantiers risque d’être fortement ralenti et la santé financière de nos clients pourrait en être affaiblie. Je salue d’ailleurs l’initiative des pouvoirs publics, à laquelle la Fnas contribue à travers de la CGI, concernant le lancement d’une médiation dans la filière BTP pour tenter de trouver des solutions, dans le cadre des marchés publics notamment, avec l’ensemble des acteurs concernés.

 

La FNAS en chiffres :

  • Nombre d'adhérents : 200 
     
  • 2.220 points de vente 
     
  • 19.000 collaborateurs 
     
  • CA profession 2020 : > 7 Md€
     
  • Un nouvel adhérent en 2020 : HAC Harmony Air Conditioning, exclusif de la marque Hitachi
Jérémy Becam
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