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Après deux années atypiques, c’est « l’incertitude » selon la FFQ

Stéphane Vigliandi
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Valérie Lachenal (FFQ)

Retour sur dix-huit mois de crise sanitaire et ses impacts sur la filière du négoce Quofi (quincaillerie et fournitures industrielles), inflation et hausses tarifaires... : la présidente de la Fédération française de la quincaillerie (FFQ), Valérie Lachenal, dresse un état des lieux... avec circonspection.

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Sans revenir sur les dix-huit derniers mois, quels enseignements pouvez-vous tirer de la période Covid-19 ?

Valérie Lachenal :En tant que “commerce essentiel”, nos adhérents se sont mobilisés et sont restés ouverts dans les meilleures conditions possibles. Nous sommes une profession à stocks qui a juste fait mon métier pour rendre service au plus grand nombre pendant cette période anxiogène. Nous avons su nous adapter et contre toute attente, l’activité est restée d’un niveau soutenu.

 

 Et ce rythme élevé perdure en 2021 ?

V. L. : Oui, la reprise est forte depuis le début de l’année mais une récente enquête que nous avons réalisée auprès de nos adhérents montre quelques inquiétudes pour les mois qui viennent. La progression d’activité est réelle avec un +14 % sur le premier semestre et une pointe à +18 % pour le mois de juin avec des résultats bien meilleurs encore pour la partie approvisionnement au bâtiment. La demande reste soutenue dans tous les domaines et nous enregistrons une forte progression de la clientèle BtoC. Néanmoins, comme beaucoup de secteurs d’activités, nous subissons des problèmes d’approvisionnement sur des familles de produits comme l’électro portatif. Conséquence, la même enquête met en évidence que 45 % des entreprises interrogées disent ne pas avoir de visibilité suffisante à moyen terme,  et 17 % évoquent une tendance négative pour les mois à venir.

 

Les opinions semblent diverger selon les corps d’état…

V. L. : En dépit d’un chiffre d’affaires à la hausse sur les 6 premiers mois de l’année, les adhérents notent une petite chute de la fréquentation des points de vente depuis quelques semaines. Pourtant les carnets de commandes des professionnels sont bien remplis. Est-ce ponctuel ou est-ce la conséquence de la perturbation des plannings de chantiers due à un approvisionnement en dents de scie ? Encore difficile à dire et la hausse des tarifs n’arrange rien même si tout le monde est logé à la même enseigne dans ce domaine. La prudence voudrait que les adhérents s’arrangent pour surstocker les références sensibles (ce qui est déjà une réalité pour certains), mais qui dit stock supplémentaire dit coût supplémentaire et la trésorerie des entreprises ne le permet pas toujours.

 

Quel bilan faites-vous de votre premier mandat à la tête de la fédération, après votre récente réélection ?

V. L. : C’est vrai que ce ne fut pas de tout repos mais je dois saluer la forte mobilisation de notre équipe qui a su être présente dans tous ces moments difficiles que nous avons traversés. Nous nous sommes également appuyés sur la cellule de crise de la CGI avec qui nous avons travaillé de concert pour accompagner nos adhérents pour une vulgarisation des textes de lois évolutifs qui n’étaient pas simples à décrypter.

Malgré tous ces événements, nous avons respecté la feuille de route initiale puisque tous les accords conventionnels prévus : prévoyance pour le personnel non cadre et APLD) ont été signés. Pour cela, l’équipe a mis les bouchées doubles mais de nombreux dossiers chauds doivent être traités pour cette entrée de second mandat. Parmi ceux-ci, la mise en place des REP Bâtiment et Bricolage-Jardin, la facturation électronique, la loi AGEC et ses obligations en matière de décarbonation sans oublier la politique RSE qui commence à prendre une place importante dans la stratégie de nos adhérents. En effet, les clients professionnels sont de plus en plus nombreux à s’interroger sur la provenance des matériels qu’ils achètent et utilisent, sur leur fiabilité, leur entretien et leur réparabilité afin qu’ils soient pérennes.

 

C’est effectivement un dossier complexe. Serez-vous encore épaulés par la CGI ?

V. L. : Oui bien sûr. La FFQ participe activement à tous les groupes de travail mis en place par la CGI dont les sujets sont impactants pour ses adhérents. À titre d’exemple, nous profiterons du programme “Interlude” en collaboration avec l’Agence de la transition écologique (ex-Ademe) traitant de la logistique urbaine. Il permet d’appréhender la notion de zéro carbone qui implique un vrai changement d’habitudes et d’organisation. Spécialement en termes de livraison des matériaux pour les chantiers (le transport d’acier par des porte-fer par exemple) étant précisé que le matériel ad hoc (camion électrique ou fonctionnant au gaz naturel) étant encore quasi inexistant et les points d’avitaillement encore rares.

 

Quelle est votre vision du marché des EPI ?

V. L. : C’est effectivement un secteur qui se transforme et se concentre à l’instar de nombreux autres. Néanmoins, celui-ci se porte plutôt bien et je considère qu’il n’est pas encore à maturité. C’est un marché en pleine évolution très dépendant de la réglementation qui se durcit régulièrement, à juste titre, pour assurer la prévention et la sécurité des compagnons sur les chantiers et celle des collaborateurs travaillant dans les cours des matériaux.

Au niveau des points de vente, les EPI constituent un complément de gammes bienvenu, voire un véritable axe de développement pour les adhérents les mieux organisés. En effet, la prescription d’EPI demande un savoir-faire spécifique et un personnel dédié. De même, il faut savoir en assurer l’entretien et la maintenance et être compétent dans le suivi sécurité et le remplacement du matériel. C’est une activité qui a de l’avenir dans la mesure où les mentalités des professionnels sont en train de changer avec une acceptation des EPI en progression constante, que ce soit pour des raisons purement sécuritaires que pour des facteurs liés à la stratégie RSE des entreprises. Des points positifs à encourager au sein de notre filière.

 

C’est votre second et dernier mandat en qualité de présidente. Que vous apporte cette expérience ?

V. L. : C’est une très belle aventure, dans la continuité de mon engagement au sein de la fédération au niveau régional. C’est comme une concrétisation de cette implication qui m’anime depuis de longues années pour défendre les intérêts de nos entreprises qui approvisionnent les professionnels de l’industrie et du bâtiment mais aussi les particuliers. Notre profession est multiple et nos adhérents très divers. C’est entre autres pour cette raison que je me suis battue pour que la fédération garde toute son indépendance et que personne ne soit oublié dans nos missions. J’en profite pour remercier chaleureusement ceux qui s’engagent quotidiennement à mes côtés et plus spécialement la secrétaire générale avec qui nous formons un binôme au fonctionnement fluide et efficace.

« Notre profession est multiple et nos adhérents très divers. C’est entre autres pour cette raison que je me suis battue pour que la fédération garde toute son indépendance. »

Le négoce Quofi en 4 chiffres

Environ 12 Md€ HT de chiffre d'affaires consolidé (distribution des aciers y compris)

• 3 695 sociétés adhérentes, soit environ 2 500 entreprises représentées

Près de 28 500 salarié.e.s au sein de la branche Quofi
(Source : FFQ)

Stéphane Vigliandi
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