« Notre transformation digitale et logistique s’accélère »

Pauline Mispoulet : Dès le début de l’été, le trou d’air du premier confinement a été gommé sur l’activité Bâtiment. Nous avions anticipé cette reprise en mettant en place des plans de réapprovisionnement et en organisant les entreprises adhérentes en conséquence. Avec un CA total de 2,975 Md€ (ventes), la baisse d’activité est restée contenue autour de -3 % tout en préservant les marges des adhérents qui n’ont en général pas été pénalisés par le 2^e confinement. Même si le groupe n’est pas encore représentatif sur ce marché, la branche sanitaire-chauffage a surperformé à +6,5 %. Dans les autres branches, l’exercice s’est soldé par des volumes d’affaires en retrait de -4 % pour l’outil pro et la décoration, jusqu’à -6 % en électricité et -7 % pour l’industrie.

P. M. : Dès le début de la crise sanitaire, j’ai vécu chaque prise de décision avec nos distributeurs. Le réseau a besoin de proximité, qu’on sorte du siège parisien du groupe. Si la crise sanitaire a forcément ralenti le rythme de mes visites sur le terrain, la création de groupes WhatsApp au niveau de la gouvernance et de nos 5 branches a permis à chacun d’échanger sur les bonnes pratiques, les retours d’expérience durant cette période inédite. L’intelligence collective a été mise au service de la communauté de nos négoces et de leurs équipes pour prendre les meilleures décisions en toute connaissance de cause. L’énergie positive qui s’en est dégagée reste, à mon avis, le meilleur des “carburants” pour rester réactifs. Sur le volet marketing, nos équipes support ont aussi tenu tous les engagements pris lors de la présentation des PAAC 2020 en octobre 2019. Ce n’est pas rien ! Par exemple, le catalogue métiers Outils Pro de 750 pages a pu être diffusé comme promis.

P. M. : D’une certaine façon, je dis… “Merci !” à la crise Covid. Avec toute l’agilité dont il a fallu faire preuve, tant au siège que dans les points de vente, elle a fait entrer de plain-pied nos distributeurs dans le négoce 2.0. Au début de la crise Covid, il a fallu improviser, avec succès, des formules de click & collect avec des distributeurs qui ne présentent pas tous un profil homogène avec des CA allant de 500 k€ à 200 M€. Mais leurs clients sont “à mémoire de forme”. Dès la rentrée, beaucoup ont repris leurs habitudes en call & collect pour passer commandes. Ce n’est pas le modèle de vente qui définit le client, mais son mode d’achat lié à son mode de vie.

P. M. : Si la première partie de 2021 s’est globalement bien passée, l’activité de l’Industrie est restée pénalisée. En revanche, il y a plus d’incertitudes sur le second semestre sous l’effet conjugué d’une inflation du coût des matières premières et du transport, du rallongement des délais d’approvisionnement, des pénuries de produits et de main d’œuvre, et le risque d’arrêts de chantiers à partir de la rentrée. Si je prends le cas des aciers où Socoda bénéficie d’un certain poids sur le marché avec environ 450 000 tonnes/an, les équipes de notre service Achats se battent au quotidien pour trouver des sources d’approvisionnement. Nous devons conserver une capacité de négociation pour maîtriser nos prix d’achat. Nous nous attendons à ce que cette crise d’approvisionnement dure encore sur 2022. Il faut rester vigilant car un tel contexte peut mettre à mal la trésorerie de nos clients.

P. M. : Nous avons la chance d’être un groupement multi-métiers où nos distributeurs partagent une vision et des valeurs pour avancer ensemble. Il s’agit de renforcer encore la dimension conseils et services de Socoda pour accompagner nos distributeurs – chacun avec ses spécificités – à se projeter sur le long terme, à gagner des parts de marché. C’est dans ce cadre que se déploie la transformation du groupe autour des achats, du digital, de la data, et de la logistique, avec l’arrivée de Vincent Kuss et d’Henri Danzin. Le digital, ce ne sont pas que des outils, c’est aussi ce qu’on en fait. Au-delà de l’e-commerce et du m-commerce (via les smartphones), la feuille de route digitale présentée aux distributeurs fin mars vise à renforcer la digitalisation de la relation clients et avec nos fournisseurs pour partager et mutualiser plus de data. Pour animer et faire vivre ces projets autour du numérique, un réseau social interne sera ouvert d’ici à la fin de l’année. Ce sera un lieu d’échanges entre nos distributeurs, nos différentes communautés de métier et la centrale.

P. M. : Au-delà de sa fonction de référencement, la centrale souhaite développer les achats en commun et la massification pour gagner en efficacité et en compétitivité. C’est pourquoi nous allons renforcer le category management. En parallèle, le groupe vient de se doter d’une direction et d’une commission Logistique. Dans un groupement d’indépendants, le dossier est assez complexe à gérer. Pour optimiser les ressources existantes chez nos distributeurs (à l’image de MSA*) et designer un format adapté aux besoins du réseau, Socoda va s’appuyer sur un schéma directeur logistique qui sera finalisé au cours de l’automne.

P. M. : Chez Socoda, le concept de “business durable” initié dès 2012 par Philippe de Béco a été mis entre parenthèses depuis quelques mois. Nous ne tournons pas le dos à ce qui a été fait jusqu’ici dans le groupement. Ce concept fait partie à 100 % de notre ADN dans une logique de frugalité et d’allocation efficace des ressources. Nous souhaitions y inclure aussi une dimension sociale et sociétale. Dès l’an prochain, une commission RSE sera opérationnelle pour faire bouger les modèles de notre groupement et nous auto-challenger sur différents dossiers.

* MSA pour “Mutualisation des Stocks Adhérents” : un intranet logistique développé par 18 des 41 membres de Socoda Électricité dès 2016.