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Marc Wast

[NégoceTOP 2023] « Rigueur et exigence portent nos 125 adhérents vers l’excellence de la filière bois »

Arnaud Hétroit
directeur de l’association Le Commerce du Bois (LCB)
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Arnaud Hétroit, DG de LCB.

LCB continue d’inventer un nouveau modèle vertueux face à une profession du négoce bois, panneaux et dérivés toujours plus internationale. Ce qui exige une vigilance et une traçabilité accrues au niveau des approvisionnements et de la vente.

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La REP vous préoccupe-t-elle ?
Arnaud Hétroit

C’est une démarche vertueuse que nous mettons en œuvre avec Valobat, dont nous sommes actionnaires. Si les enjeux environnementaux sont incontestables, les procédures doivent encore rodées pour atteindre les objectifs fixés. Pour cela, concernant notre filière, travaillons sur le triptyque “optimiser, maîtriser, mutualiser” afin de bien structurer ce dispositif afin qu’il ne nuise pas à la compétitivité du bois. En effet, nous craignons que la complexité de la REP, qui demande un maillage important, génère un surcoût important. Le bois étant utilisé par de nombreux corps d’état du Bâtiment, il faudrait prévoir une collecte conjointe avec les enseignes multispécialistes pour ensuite isoler et caractériser les différents bois collectés et identifier les filières de recyclage qui font le plus de sens.

D’où des enjeux en termes de compétitivité…
Arnaud Hétroit

Exactement ! Et sur deux aspects principaux. Le premier est la possible distorsion de concurrence du fait de l’éco-contribution qui doit être payée par les industriels metteurs sur le marché français et qui ne s’applique pas aux fabricants étrangers. Le second concerne les produits bois à double usage, dans la mesure où 80 % des produits susceptibles d’être collectés sont considérés comme sortant du champ Bâtiment pur et dur. Ainsi, certaines choses restent à préciser touchant les panneaux bois qui sont utilisés dans les secteurs de l’automobile ou du nautisme, d’où une logique d’usage à respecter.

Vous venez de lancer le Timber-Score, pour aller encore plus loin dans la RSE ?
Arnaud Hétroit

Oui, c’est une étape supplémentaire de notre charte environnementale que nous avons mise en place en 2006, qui comporte des critères réglementaires, sociaux et environnementaux très exigeants. Mais avec le durcissement du RBUE* et l’arrivée du RDUE**, il était temps de faire évoluer notre charte, et une nouvelle version a été lancée en décembre dernier pour une entrée en vigueur en janvier 2023. Elle intègre désormais un outil d’évaluation qui va bien au-delà de la réglementation et s’appuie sur des audits. Comme nous ne pouvons pas être juge et partie, ces audits, validés par l’Union européenne, sont réalisés par des sociétés extérieures reconnues et certifiées (Bureau Veritas…). Tous les membres signataires de la charte doivent être contrôlés. Pour les aider, la grille d’évaluation permet la réalisation d’un audit “blanc” afin de faire évoluer leur score. Beaucoup d’entreprises s’approprient cette démarche et prennent le temps d’analyser les résultats préliminaires pour mettre en place les actions d’amélioration nécessaires. L’outil liste une vingtaine d’items qui débouchent, pour chacun d’entre eux, à un score de A à E. Tous les membres de l’association doivent être notés “C” a minima, sachant que le respect de la réglementation actuelle correspond à un score “D”.
* Règlement sur le bois de l’Union européenne - ** Règlement sur la déforestation de l’UE.

« Pour renforcer davantage nos engagements en matière de RSE, notre nouveau Timber-Score va concerner 100 % de nos adhérents importateurs d’ici la fin de l’année 2023. »

Que se passe-t-il quand le “C” n’est pas atteint ?
Arnaud Hétroit

Il existe un groupe de travail RSE chez LCB à disposition des adhérents pour qu’ils puissent, grâce à des échanges et à des outils pédagogiques, obtenir le sésame. Ceux qui ne souhaitent pas emprunter cette voie d’amélioration n’ont malheureusement pas vocation à rester dans l’association. Il en sera de même en 2024 qui verra le lancement d’un audit au titre du RBU avec un nouveau score minimal à atteindre. Ce niveau d’exigence très élevé est le garant de notre crédibilité et celles de nos adhérents. C’est pour cette raison que nous avons créé le Timber-Score qui a déjà été obtenu par trois entreprises avec la note la plus élevée A : les sociétés Henry Timber et SEF Barillet et, plus récemment, par le groupe ISB. Comme cette démarche est contraignante et chronophage pour nos adhérents, il est de notre rôle de communiquer fortement sur le sujet afin que cela se traduise par des avantages sonnants et trébuchants. La prochaine étape, encore à l’étude, devrait conduire à un “scoring” des produits eux-mêmes, procédure très encadrée et qui ne devrait concerner que des productions industrielles réalisées en interne par nos adhérents.

Une photographie de la distribution spécialisée Bois ces derniers mois ?
Arnaud Hétroit

L’offre est supérieure à la consommation. On a constaté une baisse des prix au milieu du deuxième trimestre 2022 et une baisse de chiffre d’affaires en lien avec l’activité neuve qui est en retrait. La rénovation continue, quant-à-elle, de tirer son épingle du jeu. Les prix continuent de baisser, ce qui pourrait redonner du pouvoir d’achat et relancer des marchés en souffrance (la terrasse, par exemple). Les volumes consommés pourraient, a contrario, se maintenir.  Concernant le marché de la terrasse bois, il a été en recul l’année dernière et est revenu à des surfaces proches de celles de 2019. En 2022, le marché a souffert de la réduction de la trésorerie des entreprises, de la crise de la construction neuve, des taux d’intérêts bloquants pour l’achat de biens immobiliers couplés avec une inflation majeure des matériaux, à l’augmentation des coûts d’énergie et des produits de consommations courantes ainsi qu’à une météo capricieuse jusqu’à fin avril. Nous manquons de visibilité sur l’avenir et 2024. Cependant, quelques espoirs demeurent pour 2023 avec un été arrivé sur toute la France et l’envie de profiter de ses extérieurs, les surstocks de 2021 pour les distributeurs qui semblent enfin être écoulés, un marché du bois plutôt stable sur 2023 et des commandes de réapprovisionnent sur le decking en GSB et en négoce.

« Trois modules supplémentaires de formation, actuellement en cours de réflexion (parquets, bois d’ingénierie, panneaux/contreplaqué), devraient être accessibles début 2024. »

La formation reste un chantier important pour vous ?
Arnaud Hétroit

Projet phare de la Commission Négoce, l’Académie LCB est une plateforme d’e-learning qui se veut un dispositif d’amélioration des compétences relatives au matériau bois et à ses produits, à destination des professionnels du secteur. Une petite vingtaine de modules seront, à terme, accessibles sur www.academie.lecommercedubois.org. Huit sont d’ores et déjà en ligne et cinq autres sont disponibles depuis cette rentrée de septembre (bardage, terrasse, traçabilité, classes, sciage). Trois modules, actuellement en cours de réflexion (parquets, bois d’ingénierie, panneaux/contreplaqué), devraient être accessibles début 2024. La plateforme sera évidemment mise à jour au fur et à mesure des évolutions des réglementations. Des retours d’expériences chantiers devraient y figurer pour mettre en avant les bonnes pratiques et éviter la sinistralité. Nous l’avons voulue financièrement accessibles pour que son contenu profite au plus grand nombre. Ainsi, les droits sont de 100 € pour les adhérents et 400 € pour les non-membres de l’association. L’accueil a été excellent puisque la fréquentation de la plateforme a été supérieure à nos prévisions pour atteindre les 270 participants depuis sa récente ouverture. Preuve que les modules disponibles répondent à une véritable demande des professionnels du secteur.

Le Commerce du Bois • Chiffres clés

• 125 adhérents.

• 250 points de vente de négoces spécialistes labellisés Expert Relais Bois.

• 80 % de bois tropicaux importés vendus en France.

• 85 % de bois résineux importés vendus en France.
(Source : LCB)

Marc Wast
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