[NégoceTOP 2023] « Une filière en ordre de marche pour s’adapter aux à l’évolution des métiers »

La réalité n’est pas aussi tranchée. Mais nous devons nous battre sur plusieurs fronts pour valoriser le savoir-faire et la qualité de travail des professionnels de la décoration. Imaginer que nous sommes incontournables, dans l’état actuel des choses, pour répondre aux désirs de la clientèle grand public n’est qu’un miroir aux alouettes. Il n’y a pas de barrière d’entrée aux métiers de la déco. N’importe qui peut se prétendre peintre quand on sait manier le rouleau ou la brosse. Et la GSB n’hésite pas à inciter les “amateurs” à réaliser les chantiers eux-mêmes ou, à défaut, à leur recommander un bricoleur averti. Et la déferlante des réseaux sociaux avec leurs influenceurs déco finit d’enfoncer le clou.

Par un projet de grande ampleur pour notre filière, c’est-à-dire en prenant la parole sur les terrains de la digitalisation sur lesquels nous ne sommes pas encore légitimes. Le bureau de la fédération, via son groupe de travail Communication animé par Denis Chevalier (UGD), prépare une campagne depuis plusieurs mois qui va aboutir à la mise en avant d’un message au ton juste, naturel et porteur. Avec deux mots clés forts de sens : “La main et le cœur comptent”. Le démarrage est prévu en 2024. Ce slogan va venir en soutien de l’actuelle signature qui est toujours d’actualité : “Rêvez déco, pensez pros”.

Cet outil est une véritable innovation. Pourtant la création du baromètre DécoData et sa mise en place ont été loin d’être simples à cause des règles contraignantes mais justifiées liées au droit à la concurrence et au RGPD. Et les résultats sont à la hauteur de nos attentes avec une année 3 qui permet de “peaufiner les réglages” de cette belle mécanique statistique. Avec en point d’orgue une vraie valeur ajoutée pour une lecture fiable de nos marchés et qui nous apporte des repères utiles sur nos métiers et leurs possibles évolutions. D’ailleurs, l’efficacité de Déco Data suscite beaucoup d’intérêt et génère de nombreuses sollicitations.

Nous y sommes déjà et un des rôles de la FND est de préparer l’avenir dans ce domaine stratégique et de proposer aux adhérents les solutions et outils pour passer ce virage de la façon la plus naturelle possible. Car cette démarche est souvent vécue comme anxiogène par les entreprises clientes d’un côté, et une obligation à marche forcée en amont de la filière. Ainsi, nous nous attelons à créer un standard sur l’EDI, à accélérer le déploiement de Fab.Dis, à optimiser la supply chain et à moderniser les ERP qui intègrent désormais de plus en plus de couches web. Avec comme objectifs la modernisation et la synchronisation des besoins, comme, à très courte échéance, la généralisation de la facture électronique…

En 2022, le marché professionnel de la finition, qui s’est élevé à 2,6 Md€, a connu à la fois une croissance de 3,4 % en valeur et baisse d’environ 9 % en volume. Plus en détail, les ventes de peinture ont évolué de 2 %. Les solutions de rénovation thermique ont confirmé leur dynamique et compensé le déficit de ventes dans les peintures que les Français avaient massivement achetées durant les phases de confinement. Les ventes de revêtement ont progressé de 5 %. Les revêtements de sols, dynamisés par les innovations et la pose modulaire, ont tiré leur épingle du jeu. Les ventes de revêtements muraux se sont maintenues, tandis que l’équipement et l’outillage ont répliqué les évolutions des familles peinture et revêtement de sol. Avec 3 % de croissance, les ventes de gros matériel traduisent une poursuite des investissements de la part des clients professionnels. Enfin, les ventes de consommables se situent dans la moyenne du marché en valeur. Quant au premier semestre 2023, il ne ressemble pas à celui de 2022. Après une courte période de deux mois de croissance, principalement alimentée par l’inflation (+2,9 % en valeur, -6 % en volume en moyenne), le négoce décoration rencontre des temps plus difficiles. 

La performance énergétique n’exclut aucunement la qualité et la beauté du cadre de vie. Je souhaite capitaliser sur la logique de la filière et porter haut et fort le message d’addition. Pour paraphraser Olivia Grégoire, la ministre déléguée aux PME, je vois le secteur de la finition comme une chaîne de valeur qui ne s’oppose pas mais qui mutualise ses forces. Comme dans bien d’autres corps d’état, les métiers se décloisonnent à un rythme soutenu. Nous sommes passés du peintre et du solier au “finisseur”, si je peux le dénommer ainsi. Un multispécialiste de la finition qui sait aussi être compétent dans l’agencement, tendance qui attire toujours plus de profils venant d’autres horizons professionnels puisqu’un tiers des installations récentes d’entreprises n’émanent pas de la filière proprement dite. De plus, nous avons travaillé sur la compétitivité des gammes pour les aligner sur le marché, tout en proposant des produits techniquement plus performants et de meilleure qualité. S’y ajoutent des solutions d’isolation et d’amélioration de la performance thermique, comme l’ITE, mais également des peintures et des revêtements qui contribuent à un meilleur confort d’été. Ces évolutions nous permettent de nous différencier, et bien d’autres sont abordées à nos Rencontres nationales de la Décoration 2023. Un événement au format atypique qui accueille environ 250 personnes et nous permet de délivrer de nombreux messages simples, clairs et pertinents. C'est le rôle de la troisième édition de ces Rencontres qui ont eu lieu à Paris le 21 septembre.