[NégoceTOP 2023] « En dépit de l’inflation, nous arrivons à tenir nos marges en 2023 »

C’était un peu l’année des montagnes russes ! Après une activité “tonitruante” en termes de ventes au premier trimestre. Mais le contexte géopolitique et économique (guerre en Ukraine, flambée des cours matières et du fret maritime, baisse du pouvoir d’achat des ménages, etc.) est venu nettement gripper la mécanique. Dès la fin de l’hiver, notre centrale d’achat (pour la marque d’éditeur Liberty) et de référencement Udirev* a dû réajuster tous les mois les tarifs de nos soixante-dix fournisseurs sur la majorité de nos lignes produits. Familles les plus impactées ? Les parquets massifs et les stratifiés en raison des contingentements liés à l’arrêt des exportations ukrainiennes, entre autres. Mêmes causes, mêmes effets en carrelage, l’Ukraine ayant dû stopper la production de kaolin et de pigments. S’agissant d’une industrie électro-intensive, les prix ont explosé. Les effets ont été immédiats avec l’instauration d’une surcharge énergétique, impactant les prix de 1,5 à 4 € du m², en fonction du coût du gaz au mois le mois. Les grands formats ont aussi été pénalisés. Les hausses tarifaires ont été un peu plus modérées, beaucoup plus en moquettes.
* Udirev est l’acronyme d’Union des distributeurs de revêtements.

Changement de décor dès la rentrée ! Les fabricants chinois ont cherché à écouler leurs surplus de stock dans un climat de baisse partielle des tarifs industriels, mais aussi de réajustements des prix du fret. Udirev travaille avec trois fournisseurs chinois. Quand le coût d’un container 20 pieds [environ 33 m³] évoluait entre 800 et 1 200 $ avant la crise Covid, il a grimpé jusqu’à 8 500 $ courant 2022 pour redescendre à 2 500-3 000 $ à partir de septembre 2022. Mi-juillet 2023, les tarifs se sont assagis : leur niveau est revenu aux alentours des 1 500 $. Ce contexte a incité la Chine à proposer d’importantes opérations promotionnelles.

Au quatrième trimestre 2022, la parité euro-dollar a été encore moins favorable pour la filière des revêtements de sol. In fine, c’était un peu la quadrature du cercle en 2022 ! Nous nous retrouvons avec une valeur de stock acheté au prix fort en 2021 et l’an dernier. Par exemple chez Soldis [adhérent francilien d’Udirev dont Éric Chevallier est le gérant], nos ventes ont affiché une croissance de l’ordre de dix points en valeur − avec un effet prix moyen de huit points sur le mix global − pour des volumes en repli d’un point. En 2021 et 2022, Udirev qui achète les gammes de grand import et les rétrocède aux adhérents, a absorbé une partie des hausses de prix. La centrale a joué son rôle d’amortisseur : sur un volume d’achats un peu au-dessus des 25 M€, les RFA [remises de fin d’année] ont vu leur niveau baisser significativement comparé à 2021.

Sur la première partie de l’exercice, chacun de nos dix membres sont sur des tendances variables selon leur positionnement axé plutôt sur les sols ou le paint. En revêtements de sol, l’activité vers les professionnels reste mieux orientée comparée aux ventes en BtoC, tandis qu’elle se maintient en peinture. N’empêche ! le marché joue au yo-yo. À fin juin 2023, nous étions sur des niveaux encore en repli en volume. Mais je pense que l’effet prix devrait, a priori, se déliter d’ici à la fin de l’année. Quant à nos marges, elles se maintiennent… étonnamment. Mais notre profession commence à être confrontée à la concurrence directe de certains acteurs intégrés du négoce multispécialiste qui s’intéressent aux produits sol en rouleaux. Est-ce un effet pour trouver des relais de croissance ? Udirev bénéficie d’un atout de taille : notre capacité à effectuer des envois de livraisons directes. C’est un élément de service indispensable dans nos métiers.

C’est certainement “le” chantier de 2022. Soldis, notre associé francilien, stocke pour Udirev. Jusqu’à présent, nous disposions de 4 dépôts de stockage dont les coûts d’exploitation et l’investissement pour une mise aux normes ICPE étaient élevés. Nous avons maintenant deux sites en Seine-Saint-Denis : celui de Soldis à Aulnay (93) et, depuis mars dernier, le nouvel entrepôt de Tremblay-en-France (93). Ce dernier héberge toute l’offre. De 10 000 palettes à ce jour, sa capacité devrait monter à terme à 16 000 palettes. Au total, nous passons de 18 000 m² d’entreposage couvert à 22 500 m². Actuellement, la valeur de stock est de 15 M€ : 10 M€ au titre de Soldis et 5 M€ pour Udirev.

Depuis plusieurs années, certains acteurs de notre métier proposent des dispositifs de reprise des chutes de sols PVC et de moquettes. Soldis et Udirev ont choisi Valobat, car la majorité des marques PVC y adhèrent. Pour l’heure, seuls trois de nos associés sont éligibles à la REP PMCB eu égard aux critères de seuil : Chevalier, Décor Alliance [holding de Grassin Décors et Solmur] et Soldis. D’ici à novembre 2023, ils assureront la reprise conjointe des déchets PVC, bois et métaux. Nos six autres associés ont déjà adhéré à un éco-organisme et pourront rejoindre un programme de reprise s’ils le souhaitent. Quoi qu’il en soit, nous sommes déjà calés concernant les éco-contributions.

Nous avons scellé fin 2020 un partenariat actif avec l’ONG internationale WeForest via Liberty pour contribuer à la reforestation en Éthiopie. Une action qui fait sens pour notre marque propre qui poursuit une démarche de développement durable visant à réduire son empreinte écologique en améliorant la composition de ses produits, en favorisant une fabrication de proximité, en développant le recyclage. Et il y a deux ans, Liberty s’est lancé dans le sponsoring avec le skipper aquitain Kito de Pavent. Nos couleurs apparaissent sur son voilier sponsorisé par l’ONG Reforest’Action et du groupe toulousain HBF [distributeur de matériel électrique et génie climatique]. Avec la prescription, la RSE est l’un des deux dossiers sur lesquels travaillent nos commissions régionales créées en 2022. La finalité : formaliser la démarche en vue de déployer une jauge écologique de l’offre Liberty.