Socoda veut devenir le « circuit court » du Bâtiment

Pour Philippe de Béco, c’était la “der des ders”. En assistant au déroulé des PAAC 2020, le président du directoire a tiré sa révérence. « J’ai adoré mon métier ! », a-t-il dit simplement. Mais pas de nostalgie pour celui qui, depuis 1997, pilotait le Groupe Socoda.

D’ailleurs, il n’entend « pas rester inactif », puisqu’il demeure président de la Fnas (négoce sanitaire-chauffage-plomberie) « encore quelques mois » : une fédération à la tête de laquelle il a été réélu pour un second et ultime mandat mi-2018. Après vingt-deux ans passés au sein du groupement, il cède donc officiellement, fin janvier 2020, sa place à Pauline Mispoulet « qui a des qualités... que je n’ai pas », a-t-il confié.

Au-delà de promouvoir le concept de “business durable” et son pendant – la “marge verte” – dont il s’est fait le héraut dès 2008, Philippe de Béco aura notamment contribué, avec d’autres acteurs du négoce indépendant, a cofondé deux groupements européens d’achats et de services marketing : Imelco (électricité) et EuroCraft (métiers du quofi), mais aussi Iris Décoration et Addok avec son confrère Cofaq. Autant de stratégies de mutualisation pour celui « qui veut des victoires communes », comme il le rappelait encore à la présentation des PAAC 2019.

À l’occasion de ce rituel d’automne, les présidents et chefs de marché respectifs des quatre branches Socoda (outils pro & industrie, électricité, décoration et sanitaire-chauffage-plomberie) ont détaillé, du 7 au 10 octobre, à la Maison de l’Aveyron, à Paris, l'ensemble des outils et actions qui doivent permettre aux 200 adhérents de réaffirmer leur stratégie de développement phygital.

Selon les derniers chiffres de la Fevad, l’e-commerce BtoB (tous secteurs confondus) flirte déjà, en France, avec les 150 Md€ (moins de 100 Md€ en BtoC), contre environ 300 Md€ Outre-Rhin. Sans parler du boum de commerce sur mobile : la Fevad évalue les transactions du m-commerce déjà aux alentours de 20 Md€.

À l’instar d’enseignes grand public, Socoda a décidé d’amorcer ce virage. Chacun des chefs de marché a en effet annoncé le déploiement du SMS responsive. D’après plusieurs instituts, entre 93 % et 98 % des SMS reçus seraient lus par leurs destinataires. Le groupement souligne que cette technologie permet « en quelques instants de réaliser un mini-site pour proposer ou relayer une offre ».

Dans leur “boîte à outils 2.0”, les adhérents vont pouvoir exploiter le SMS à gratter, le SMS diaporama (à partir de photos cliquables), le SMS galerie « pour inciter le client à se rendre en agence » ou encore le SMS vidéo : un dispositif dont certains clubs de foot, comme le FC Barcelone, sont désormais friands.

Autre nouveauté pour 2020 ? À côté des mécaniques désormais bien établies au sein des PAAC (Les Experts, Les Immanquables, les promos Exclusives et Flash, etc.) et pour lesquelles « les achats groupés des adhérents doivent encore être développés », le groupement fera ses premiers pas, le 27 novembre 2020, avec son propre “Black Friday” (vendredi noir) : un rendez-vous qui, depuis 2015, s’ancre tous les ans un peu plus dans le paysage promotionnel français. À la clé, ce sont une partie des 440 000 clients BtoB de Socoda qui seront ciblés.

Efficacité, visibilité, partenariats fournisseurs et travail collaboratif, laboratoire d’idées et d’expériences, proximité terrain avec la clientèle, amélioration du service client, innovations digitales… Ce sont là autant de termes qui seront revenus lors de ces quatre soirées de présentation.

Si le négoce est parfois “bousculé” par les initiatives de certaines GSB, les marketplaces du Bâtiment (Amazon, CDiscount Pro, ManoMano Pro, Mesmatériaux.fr, Warmango…) questionnent aussi. Selon l’institut Xerfi, ces plateformes pourraient capter une transaction sur trois d’ici à 2021 en France… Actuelle directrice des opérations de Socoda, Pauline Mispoulet a ainsi exhorté adhérents et fournisseurs à « écrire ensemble un avenir différent ».

Un appel à « l’adaptation », à « l’anticipation », mais aussi « au courage » pour « se fédérer encore plus » et « durer le plus longtemps possible ». Évoquant l’éventualité de « perdre des marchés locaux qui se transforment en marchés nationaux » (via les appels d’offres), celle qui durant 24 ans a œuvré au Gesec, a annoncé la création d’un troisième label.

Après les labels Soudage et EPI, le groupement se dote d'un label Expert Grands comptes. Son but ? « Regrouper les adhérents qui sont en capacité de répondre à cette cible et leurs fournisseurs ». Face à la transition numérique, le PIM (pilotage de l’information produits) de Socoda a déjà basculé au format Fab.Dis pour alimenter et optimiser les e-shops et le marketing digital.

Sur environ deux millions de bases articles référencées, il en héberge actuellement un peu plus d’un million. « Avec des niveaux de qualité des données variables », constate Pauline Mispoulet. Conséquence ? Les contrats 2020 stipuleront que les datas devront être fournies au format Fab.Dis. Faute de quoi, Socoda imputera 0,5 % de frais (sur le CA achats) aux fournisseurs pour mettre aux normes leurs fichiers.

Selon la directrice des opérations, « ce n’est pas une "punition", mais une façon de tirer tous les acteurs vers le haut ». Dans la filière, cette annonce crée un précédent. Et interpellent de nombreux fabricants. Mais comme le soulignait Philippe de Béco, lors de la présentation des précédents PAAC, il y a un an, « l’amitié qui nous réunit ne peut pas produire de beaux fruits… sans réciprocité ».

À la douzième Convention Socoda qui se tient les 17 et 18 mars prochain à Paris-Villepinte, Pauline Mispoulet reviendra d’ailleurs sur cet « avenir différent » à « écrire ensemble » et qui s’inscrit dans le nouveau plan stratégique à trois ans du groupement.