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Qui sont ces propriétaires qui font des travaux chez eux ?

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Les propriétaires occupants qui effectuent des travaux d’amélioration de leur logement sont nombreux. Mais quel est leur profil précis ? Quelles sont leurs motivations ou leurs craintes ? Éléments de réponse avec « l’Observatoire Habitants-Consommateurs de l’habitat privé » du Club de l’Amélioration de l’Habitat.
La réalisation de travaux au sein de son logement est une préoccupation importante pour tous les propriétaires français. Ces interventions sont souvent considérées comme complexes, onéreuses ou chronophages. Cependant, nombreux sont les ménages qui se lancent tout de même dans la rénovation ou l’amélioration de leur logis. C’est ce qui ressort de l’enquête « Observatoire Habitants-Consommateurs de l’Habitat privé » mené par Ipsos et l’École nationale supérieure de la statistique et de l’analyse des informations (Ensai), à la demande du Club de l’Amélioration de l’Habitat.

Le confort et l’esthétique bien avant la performance


Une première observation s’impose : 64 % des propriétaires-occupants déclarent avoir récemment effectué des travaux chez eux (entre 2016 et 2018), tandis que 53 % envisagent d’en (re)faire. Ils habitent généralement dans des logements construits avant 1990, généralement des maisons individuelles (82 % des répondants), et sont bien installés dans la vie. Ils sont en couple ou en famille et appartiennent aux tranches d’âge les plus avancées (35-59 ans ou plus de 60 ans), avec un pouvoir d’achat confirmé (CSP+). Ceux qui se montrent le plus attachés à leur bien, lancent plus facilement des rénovations que les autres. Une faible proportion de particuliers (4 %) a abandonné son projet, généralement pour des raisons économiques, un manque de motivation ou une crainte quant aux délais ou aux résultats du chantier. Généralement ces particuliers habitent des logements d’avant 1948, plus complexes à réhabiliter. Une certaine frange des propriétaires-occupants (15 %) estime que son bien n’a pas besoin de subir d’amélioration, ou n’a juste pas envie de se lancer dans cette démarche. Ils avancent diverses raisons pour renoncer à des travaux : âge avancé, aléa de la vie, moindre exigence pour le logement, ou encore habitat jugé peu propice (très récent ou au contraire obsolète, mal situé).
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Deuxième observation, plus spécifique à ceux qui ont effectivement rénové leur habitat : leur volonté première était simplement de le remettre en état (45 %), avant de vouloir l’embellir (35 %). Les autres préoccupations sont beaucoup moins citées, qu’il s’agisse d’améliorer la sécurité ou de réduire les charges (4 %) ou encore d’augmenter la valeur patrimoniale (3 %). Le confort et l’esthétique arrivent donc largement en tête des motivations pour lancer des travaux. Ce qui se traduit par la nette prépondérance des interventions sur les murs et plafonds (62 % en ont fait et 40 % l’envisagent), devant la réfection de la cuisine ou de la salle de bains (48 % l’ont fait et 36 % y pensent), la rénovation des chambres ou du salon (48 % l’ont fait et 24 % veulent le faire) ou encore les revêtements de sol (34 % l’ont fait et 19 % voudraient). Les travaux plus lourds n’arrivent qu’ensuite : isolation thermique (31 % et 15 %), remplacement du système de chauffage (31 % et 12 %) ou changement des fenêtres (28 % et 13 %). Interrogés sur l’élément déclencheur de leur décision, les propriétaires n’en identifient aucun précis (46 %) et se montrent sensibles aux conseils de leurs proches ou de professionnels (17 % dans les deux cas) voire aux médias et aux publicités (entre 3 et 5 %).
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Des professionnels sollicités pour les travaux les plus techniques


Troisième enseignement, les Français font, en majorité, appel à des professionnels. S’ils effectuent eux-mêmes des petits travaux, parfois avec l’aide de leurs proches (39 %), ils sont plus nombreux à recourir à un artisan (44 %) voire à panacher les deux solutions (15 %). Leurs critères de choix sont alors très variés : l’expérience et les références tout d’abord (22 %), le montant du devis ensuite (21 %), mais également les qualifications et certifications (15 %) ou encore la capacité à intervenir dans les délais (12 %). Les recommandations de proches n’influeraient que dans 9 % des cas, tandis qu’une précédente expérience positive (8 %) serait encore moins déterminante... Pourtant les propriétaires se montrent globalement satisfaits des professionnels, qu’il s’agisse du respect du devis initial (95 %) ou de la qualité des travaux réalisés (93 %). Ils sont presque tous prêts à faire de nouveau appel à des entreprises (96 %). Les points à améliorer concernent la réactivité des entrepreneurs, la facilité à trouver un spécialiste capable d’effectuer les travaux ou encore le manque de service après-vente.
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Enfin, côté budget, les travaux présentent des coûts très disparates : dans 33 % des cas, la facture est de moins de 2 000 €, et dans 22 % elle oscille entre 2 000 et 5 000 €. Au-delà, la proportion décroît régulièrement : 17 % des répondants ont consacré entre 5 000 et 10 000 €, 14 % entre 10 000 et 20 000 €, 8 % entre 20 000 et 40 000 € et tout de même encore 6 % une somme supérieure à 40 000 €. Les emprunts bancaires sont mobilisés dans 14 % des cas, tandis que les aides publiques ne sont que rarement sollicitées (8 %).
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Quatre comportements x trois types d'interventions = douze cas différents


L’Observatoire permet dès lors de classer les Français en quatre catégories comportementales : les passifs qui vivent chez eux sans souhaiter intervenir sur leur bien et le laissent « dans son jus » en n’y investissant que le strict minimum. Les mainteneurs qui veillent au bon fonctionnement des équipements ou installations et procèdent à quelques travaux de replacement, parfois eux-mêmes. Suivent les embellisseurs qui souhaitent augmenter leur confort et qui aiment la décoration, faisant souvent intervenir des installateurs spécialisés, généralement en autofinancement et se montrent donc sensibles aux promotions et offres commerciales. Enfin, les (re)constructeurs qui établissent un véritable projet pour leur logis, avec aides publiques budgétisées (crédit d’impôt, prêt à taux zéro...), garanties et planning. Ces véritables investisseurs font généralement appel à des professionnels du bâtiment qualifiés. L’enquête révèle également l’existence de trois types de chantiers : les incontournables qui relèvent de la réparation d’urgence, les travaux-plaisir pour le simple embellissement, et les projets de fond élaborés pour adapter l’habitat aux attentes des propriétaires et amener une élévation de la valeur patrimoniale. L’enjeu pour les entrepreneurs et artisans sera donc d’entraîner les « passifs » à franchir le pas pour devenir des « mainteneurs », à accompagner les « mainteneurs » dans l’amélioration de leur cadre de vie et à transformer les « embellisseurs » en véritables bâtisseurs ! Vaste programme.
G.N.
Méthodologie : en France, l’habitat privé représente près de 25 millions de logements, dont 18 millions sont occupés par leurs propriétaires (11 millions de maisons individuelles et 7 millions d’appartements). L’étude repose sur un échantillon représentatif de 3 000 personnes pour lesquelles près de 1 350 variables ont été renseignées, permettant d’identifier cinq profils différents : ceux qui ont réalisé des travaux, ceux qui vont en faire, ceux qui ont abandonné cette idée, ceux qui n’ont en pas besoin et ceux qui n’en ont pas envie.
Grégoire Noble
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