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[Pénurie et Prix] : Jacques Barillet (FNB) répond au débat sans langue de bois

Marie Laure Barriera
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Face à la multiplication des communications sur la pénurie et les hausses de matières premières, c’est une vraie mise au point qu’a souhaité faire Jacques Barillet, responsable de la commission Négoce de la Fédération Nationale du Bois. Les chantiers manquent-ils de bois ? Les fortes hausses de tarifs sont-elles généralisées ? Ces questions demandent de la nuance et le discours ambiant en manque singulièrement estime le responsable qui y voit une volonté de la filière des matériaux de peser dans les réflexions sur la RE2020, alors même que le texte définitif n’est pas écrit mais devrait en tout état de cause garder le bois et les matériaux biosourcés au cœur de sa logique de réduction du carbone dans la construction. L’enjeu des débats autour de la ressource bois n’est donc pas mince !

Pour introduire sa ''plaidoirie'', Jacques Barillet rappelle les facteurs exceptionnels qui concourent à la situation actuelle : dynamique des travaux de rénovation sur lesquels se sont reportés les budgets des particuliers pour cause de crise sanitaire, reflation en raison du soutien apporté par l'Etat et la Banque centrale européenne, enfin, le facteur psychologique entraînant des achats de produits supérieurs aux besoins chez les clients. Résultat : une croissance du marché qui a bondit de 30 % sur ces derniers mois, et à laquelle, pourtant, souligne-t-il avec satisfaction, les négoces spécialistes parviennent à répondre !

La pénurie : vérité ou contre-vérité ?

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A la question, "peut-on parlé de pénurie?", le message de la Fédération Nationale du Bois s'attache aux bémols : « il n'y a pas de pénurie sur tous les produits et elle concerne, lorsqu'elle existe, aussi bien les Bois et Dérivés que les produits de Second-œuvre et les matériaux lourds ». Il faut ainsi examiner le problème au cas par cas. D’un côté, selon Jacques Barillet, peu ou pas de pénurie sur les panneaux décoratifs, le contreplaqué Okoumé ou Peuplier, sur les essences fines, sur la menuiserie et sur le parquet. De l’autre des délais de livraison plus longs sur le bois d'ossature, les bardages et les lamellés collés, les agglos bruts, les mélaminés blancs et les OSB. Enfin, sur le cas de la charpente, les délais là aussi sont un peu plus longs, mais « les scieurs français et quelques scieurs allemands se sont substitués assez efficacement aux scieurs scandinaves qui exportent peu vers la France désormais ».

« Cette situation est exceptionnelle », répète le dirigeant et après le pic sur lequel nous sommes actuellement, nous devrions connaître un retour à la normale. Un discours qui se veut rassurant et non dénué de tactique pour rappeler que, tout comme certaines familles du bois, « certains matériaux lourds et produits de second-œuvre connaissent également des tensions en matière d'approvisionnement. »

Flambée des prix ou ajustements ?

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Pour répondre aux attaques sur les augmentations de prix du bois, là encore la FNB appelle à relativiser les propos puisque ces hausses n’affectent « pas seulement les bois et dérivés, mais aussi les matériaux lourds et le second-œuvre », et encore faut-il même sur le bois, constater que toutes les familles ne sont pas concernées dans les mêmes proportions que les bois de structure et d’ossature. Sur ce segment de marché, Jacques Barillet salut l’effort des scieurs français qui se sont substitués aux scieurs scandinaves et qui nombreux n'ont augmenté que de 20 % à 30 % leur prix, alors même qu’aux Etats-Unis, pour les mêmes produits, les tarifs ont triplé. Enfin pour répondre aux détracteurs sur l’argument du surcoût de plus de 25 % qu’entraînerait le bois dans la construction, la FNB appelle de ses vœux la publication d'études neutres et fiables qui démontreraient ces allégations.

Le bois au rendez-vous de la RE2020 ?

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Cette mise au point donne aussi l’occasion de pourfendre des déclarations, qui selon Jacques Barillet, déforment l'esprit du législateur : « La RE 2020 ne prévoit pas un ‘’Tout bois’’, mais seulement un pourcentage de bois et dérivés dans la construction, ce qui nous parait sur le plan écologique bienvenu ». Et de réaffirmer, car c’est bien l’objet du débat, que le Bois sera au rendez-vous de la RE2020, tout en convenant, tout de même de la nécessité d'augmenter les capacités de production mais également pour les transformateurs, de réadapter les outils vers des offres produits qui répondent à la demande du marché. Une adaptation qui, dans une industrie lourde demande du temps, mais qui, avec le soutien appuyé des pouvoirs publics devrait continuer à être optimisée. « De nombreux investissements ont été engagés par des industriels de la première et deuxième transformation du bois depuis fin 2020, qui déboucheront sur des augmentations de capacité importantes dès l'année prochaine. La filière bois investira autant que nécessaire dans les prochaines années », promet Jacques Barillet à l’unisson de la Fédération. En résumé, la RE2020 n'est pas un chèque en bois...
(Marie-Laure Barriera)

Marie Laure Barriera
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