Outiz était «le laboratoire digital de SGDB France»

Patrice Richard : Lorsque nous avons décidé de lancer le concept Outiz il y a bientôt cinq ans, de façon "pionnière" en France et dans le marché BtB, nous sentions la nécessité de devenir plus rapide et agile sur la distribution multicanale et donc de prendre une initiative pour tester de nouveaux formats. Nous avions peu de repères, à l’exception peut-être du britannique Screwfix* [filiale de Kingfisher avec 610 points de vente en Grande-Bretagne et en Irlande, 5 millions de visiteurs par semaine sur son site marchand : Ndlr] dont l’arrivée en France est régulièrement évoquée depuis quelque temps. Notre business-model s’adossait à un site marchand, un réseau de comptoirs-relais physiques, un stock central et une marketplace.Premier constat : cet écosystème a-t-il été déployé trop tôt sur un marché BtoB français qui n’était pas encore suffisamment mature ? Sans doute ! En tout cas, il nous a permis d’apprendre à être plus agiles auprès de nos autres enseignes qui ont toutes fait l’objet d’une très forte accélération de leur stratégie multicanale depuis deux ou trois ans. Ensuite, Outiz vendait auprès d’environ 10 000 clients dont un peu moins de 50 % en BtoB. Ce n’est pas vraiment dans notre ADN et notre stratégie de servir directement des clients particuliers.Deuxième constat : chez Screwfix qui se développe aussi en Allemagne [19 points de vente à ce jour] ou encore ToolStation [ce site marchand spécialisé dans l’univers de l’outillage et de la quincaillerie s'adosse à 10 comptoirs click & collect en Rhône-Alpes], la croissance de l’activité s’effectue proportionnellement à l’ouverture de points de vente [CA à +10,6 % au T3 2018 en Grande-Bretagne et en Irlande pour Screwfix avec 9 nouveaux magasins ouverts sur ce seul trimestre]. Avec nos 2 000 points de vente en France (toutes enseignes confondues), la question était de savoir si nous poursuivions l’aventure Outiz ou si notre priorité était de rendre encore plus multicanales nos autres enseignes.* Si le digital pèse tout juste 6 % des ventes consolidées du groupe britannique Kingsfisher (propriétaire de B&Q, Castorama et Brico Dépôt notamment), son enseigne BtoB Screwfix pointe à 28 % selon le cabinet McKinsey

Patrice Richard : Depuis un peu plus de six mois, La Plateforme du Bâtiment teste à Paris (en bord de Seine, dans le 12e arrondissement) un format "Comptoir" de moins de 300 m². Il propose notamment la logistique des produits lourds du second œuvre qu’Outiz n’était pas en capacité de gérer. Les résultats sont positifs. Sur les 10 dépôts Outiz que nous avions ouverts, nous en avions déjà fermés deux implantés en grande couronne de Paris. Sur les 8 restants, nous ne conservons que les sites de Paris (11e arrondissement), de Montrouge (92), Maisons-Alfort (94) et Vitry-sur-Seine (94). Ils vont adopter le concept "Comptoir" de La Plateforme du Bâtiment.Ensuite, le stock central d’Outiz est intégré à celui de Point.P. Depuis mi-2017, l’enseigne expérimente des espaces Point.P Express [une dizaine à ce jour et environ 150 prévus d’ici à fin 2020]. Axé sur la rénovation, ce concept s’est beaucoup inspiré de l’expérience Outiz en proposant, notamment, une nouvelle offre en électricité, plomberie, outillage et fixations qui s’appuyait sur son plan de vente. La marketplace Outiz va être prochainement rattachée à notre réseau Cédéo qui est déjà très multicanal et s’appuie sur six stocks centraux d’environ 20 000 m² chacun. En termes de plan de stock et d’assortiment, nous voulons aller encore plus loin en proposant toutes les solutions de décoration liées à l’univers de la salle de bains. Concernant les collaborateurs d’Outiz, il n’y aura aucun licenciement. Les équipes des fonctions supports vont intégrer celles des enseignes sœurs au sein de SGDB France ; tandis que les équipes des comptoirs rejoignent La Plateforme du Bâtiment.