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Les premiers chênes pour reconstruire Notre-Dame ont été prélevés

Grégoire Noble
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Le chantier de reconstruction de Notre-Dame de Paris va pouvoir continuer : au cours du mois de mars, les chênes centenaires qui serviront à reconstituer la flèche et le transept ont été sélectionnés puis abattus.

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Les premiers d’entre eux l’ont été en forêt de Bercé (Sarthe) en présence de Roselyne Bachelot, ministre de la Culture, et de Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture (lui-même ingénieur du Génie rural, des eaux et des forêts). L’identification des arbres s’est déroulée en janvier-février, afin que la récolte puisse se faire en mars, avant la montée de sève. Parmi les spécimens retenus, huit chênes de plus d’un mètre de diamètre et de plus de 20 mètres de grume utile, présentant une courbure spécifique, seront utilisés pour réaliser le tabouret (base) de la flèche.

Une fois coupés, les arbres seront débardés dans les 3 mois puis stockés à l’air libre et à l’ombre. Au cours de la 2e moitié de l’année, ils seront sciés puis débités, afin que la maîtrise d’œuvre et les charpentiers s’assurent de leur qualité. Les bois seront ensuite entreposés pendant 12 à 18 mois afin de faire descendre leur taux d’humidité de 45 % à moins de 30 %. L’Office National des Forêts (ONF) rappelle : « Pour garantir la durabilité au futur édifice et éviter toute déformation postérieure de la charpente, il est indispensable de laisser les arbres puis les poutres sécher naturellement, sans aucune contrainte ». Une fois cette ultime étape terminée, ils seront enfin mis à la disposition des ateliers de charpentiers sélectionnés, vers la fin de 2022 ou au début de 2023.

Toutes les régions de France contribueront symboliquement à la charpente

Bertrand Munch, le directeur général de l’ONF, déclare : « C’est une fierté pour les forestiers de participer à la renaissance de Notre-Dame de Paris en fournissant huit chênes d’une qualité et aux dimensions exceptionnelles (…) Les chênaies domaniales sont vraisemblablement les seules à pouvoir fournir ce type de bois, car cela fait 200 ans que des chênes y sont menés en futaie régulière, une technique qui permet de produire des arbres très élancés. Les huit chênes ont été choisis parmi les arbres arrivés à maturité et dont la récolte était programmée pour laisser place à une nouvelle génération ». Pour reconstruire entièrement la cathédrale incendiée, environ 2 000 arbres seront nécessaires, dont la moitié proviendra des forêts publiques (32 forêts domaniales et 70 forêts communales) et l’autre de près de 150 forêts privées. Certains arbres viendront de forêts prestigieuses (Tronçais, Chantilly, Epernay, Vibraye) et d’autres de bois plus modestes. Toutes les régions de France seront représentées (principalement Val de Loire, Grand Est, Bourgogne et Île-de-France). Des industriels comme Frey ont fait don d’arbres provenant de leurs propres ressources forestières : cinq chênes centenaires de la forêt de Horte (Angoumois) ont ainsi été prélevés. Les 1 000 premiers arbres abattus représentent 2 000 m3, soit 0,1 % de la récolte annuelle de chêne français utilisé en construction et ameublement. L’ONF conclut : « Des chênes sont aussi proposés par des donateurs étrangers : ils contribueront ultérieurement, compte tenu des contraintes calendaires et dans la mesure des possibilités techniques et logistiques, à la restauration des charpentes du grand comble (nef et chœur) aux côtés de chênes français ». Quasimodo pourra bientôt retrouver sa forêt.

Grégoire Noble
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