Les désordres du bâtiment n’ont jamais été aussi beaux

[Zepros Bâti] Le Concours photo de l’Agence Qualité Construction (AQC) est chaque année l’occasion de découvrir les pathologies de la construction sous un angle artistique et amusé. Une œuvre pédagogique qui met le doigt sur les non-qualités pour tenter de les éviter à l’avenir. Zoom.

C’est LE rendez-vous des photographes amateurs qui travaillent dans le bâtiment. La 14e édition du Concours photo AQC a, encore une fois, révélé de très nombreux clichés de défauts, désordres, non-qualités et pathologies de la construction – plus de 400 (+ 26 %) – dont certains ont été récompensés par un jury de spécialistes du bâtiment ou de la photographie. Deux catégories étaient ouvertes : la catégorie générale, pour les professionnels du bâtiment (ingénieurs, experts, architectes, artisans) dont les prises de vues « illustrent sans filtre ni trucage tout l’esthétisme d’un désordre technique ». La catégorie étudiant, elle, se veut pédagogique pour aiguiser le sens de l’observation des plus jeunes et les inciter à se rendre sur le terrain. Quatre établissements, regroupant 57 étudiants, ont même intégré le concours photo AQC dans leur programme de formation ! Découvrez les lauréats 2019 :

Son cliché « Effondrement d’une toiture terrasse suite à une surcharge de neige » lui vaut la première place du classement. La toiture était recouverte de 17 centimètres de neige, qui ont obstrués les évacuations et ont alourdi la structure qui n’a pas pu supporter une pluie supplémentaire.

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La photographie, intitulée « Mise en œuvre d’un châssis de toit en surimposition du châssis existant » illustre, selon le directeur général de l’AQC, Philippe Estingoy, « la créativité et la paresse de ce projet, qui ne se préoccupe pas de l’étanchéité ».

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L’ingénieur en construction durable a capturé cette « Mauvaise coordination lors du réaménagement des espaces intérieurs » où des étagères obstruent une cassette de climatisation. Pour Philippe Estingoy, directeur général de l’AQC, « On voit le sens du fonctionnalisme ! Même s’il n’y a pas encore de pathologie visible, il y en aura une qui se développera. Voire même un incendie ».

Ces « Coulures en façade, sous-faces et bandeaux de balcons, et ancrages de garde-corps altérés » ont récolté le premier prix de la catégorie. Philippe Estingoy commente : « Sur ce bâtiment tout Corbusien, on voit le mauvais enrobage des ferrailles ou des platines d’ancrage. Ce désordre général est très intéressant ».

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Le photographe a immortalisé des « Fissures importantes des murs du bâtiment, dues à un tassement différentiel du terrain ». Cette fois, le directeur général de l’AQC note avec ironie : « De belles fissures, plutôt réussies. On distingue également un décollement de la menuiserie. Ce n’est pas forcément grave... ».

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Le jeune candidat a repéré cette « Entaille réalisé dans l’entrait de la charpente pour que le volet puisse s’ouvrir entièrement ». Goguenard, Philippe Estingoy souligne : « C’est tout à fait joli. De toute façon la poutre était clairement surdimensionnée. Elle continuera à jouer son rôle dans la charpente, c’est évident... ».

Tous ensemble témoignent de la diversité et du nombre, encore trop important, de pathologies subies par les bâtiments en exploitation, qu’il s’agisse d’infiltrations, de corrosion, de dégradation de revêtements ou d’effondrement d’éléments. « Rien n’échappe à leur regard averti, que ces désordres relèvent de la garantie décennale ou non, qu’ils soient courants ou exceptionnels », prévient l’AQC. Que les entreprises de la construction se montrent plus attentives pour éviter de figurer, l’an prochain, dans ce palmarès !
Grégoire Noble