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Le ciment, une future alternative aux batteries ?

Grégoire Noble
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Lafarge (groupe Holcim), Engie et l’Insa Lyon travaillent ensemble à mettre au point une nouvelle technologie de stockage de l’énergie dans… le ciment. Leur approche permet de stocker la chaleur résiduelle puis de la convertir en énergie utile dans le matériau qui peut ensuite la restituer. Un processus répétable à l’infini ?

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« Le stockage de l’énergie a toujours été un sujet crucial et il fait l’objet d’une véritable course pour trouver quel était le meilleur matériau pour le faire », raconte Edelio Bermejo, directeur Innovation chez Holcim. Son équipe, basée au centre de recherche mondial du groupe à L’Isle d’Abeau (Isère), développe une technologie innovante de stockage de l’énergie avec le concours de l’Institut national des Sciences appliquées de Lyon et le Lab Crigen d’Engie. La solution repose sur un processus réversible d’hydratation du ciment.

Le communiqué explique brièvement : « [Elle] pourrait résider dans l’utilisation des propriétés uniques de certains matériaux cimentaires qui leur permettent d’absorber 300 kW par mètre cube, autant que le surplus d’énergie qui peut traverser le réseau de chauffage d’un bâtiment. Cette énergie stockée peut ensuite être libérée lorsque le matériau est hydraté ». La réaction dégage en effet plus ou moins de chaleur selon le composant étudié et la finesse du broyage (entre 63 kCal/kg pour le silicate dicalcique et 215 kCal/kg pour l’aluminate dicalcique). Mais contrairement à la réaction de prise du béton, ici, « ce cycle peut être répétable à l’infini pour des usages communs comme la production d’eau chaude dans un logement collectif ». La technologie pourrait donc permettre de répondre à des besoins de stockage d’énergies fluctuantes afin d’optimiser leur utilisation dans le temps, notamment en stabilisant l’approvisionnement de réseaux de chaleur urbains.

À la question "la réaction dégage-t-elle du CO2 ?", Lafarge répond : « Non, le cycle de charge/décharge d'énergie est uniquement basée sur les réactions de déshydratation/réhydratation du matériau (donc une réaction en lien avec les molécules d'eau relarguées ou réadsborbées par le matériau ». Quant à l'empreinte environnementale de production du matériau cimentaire, le producteur assure : « Elle est comparable à celle d'un ciment classique (bien que la composition soit relativement différente). Néanmoins, l'empreinte carbone du système de stockage d'énergie à base de matériau cimentaire est très faible en raison du très grand nombre de cycles possibles ». Lafarge envisage de pouvoir réaliser une centaine de cycles avec le même matériau pour un site pilote. Pour mémoire, le béton (issu du ciment) sert déjà à stocker de l’énergie électrique, notamment sous forme de grandes roues mises en rotation à forte vitesse et dont on utilise l’inertie (procédé Energiestro VOSS).

Grégoire Noble
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