Le manque de main d’œuvre et le manque de formation sont des problèmes récurrents dans le secteur du Bâtiment. Le marché de la salle de bains n’échappe pas à la règle, l’ensemble des acteurs du secteur réfléchit donc à des solutions pour résoudre ces problématiques. Alors que l’Association des Industries de la Salle de Bains (AFISB) a dressé un bilan très satisfaisant du marché de la SDB en 2021 à l’occasion de la 6ème édition des États Généraux du secteur, elle a également organisé une table-ronde autour de l’enjeu de la montée en compétences des professionnels. « Pour les clients finaux souhaitant rénover leur salle de bains, c’est parfois le parcours du combattant. Nous sommes encore loin de proposer un ensemble de solutions clé en main. Les particuliers sont confrontés à de nombreux obstacles que ce soit dans le choix des produits, des matériaux, dans l’agencement de la pièce ou dans la coordination des différents travaux de plomberie, d’électricité ou de chauffage », détaille Yves Danielou, le président de l’Afisb.

De nombreux installateurs mènent de front les activités de plomberie-sanitaire, de chauffage voire d’électricité. Une polyvalence qui peut parfois rimer avec des travaux mal réalisés surtout en l’absence de véritable formation pour chacune de ces compétences. « Nous militons pour une spécialisation de la salle de bains. Nous aimons le chauffage, nous sommes passionnés par les économies d’énergie mais nous aimerions avoir un plus d’installateurs se consacrant à la salle de bains », plaisante Hubert Maitre, Secrétaire Général de l'Afisb. Les projets de salle de bains sont en effet des chantiers complexes nécessitant des compétences transversales surtout face à l’apparition des nouvelles technologies et des nouveaux produits innovants. « Sans une formation efficace des vendeurs et des installateurs, comment les fabricants peuvent-ils faire grandir ces nouvelles technologies ? », s’interroge Yves Danielou.

Ce constat est partagé par la distribution professionnelle qui planche actuellement sur la création d’une formation de concepteur-vendeur de salle de bains, alliant compétences techniques et commerciales. « Le marché a très bien performé l’année dernière comme depuis le début de l’exercice 2022. Malgré les préoccupations autour du pouvoir d’achat des Français et les problèmes d’approvisionnement, nous sommes dans l’anticipation du secteur avec la prochaine mise en place de « Ma Prime Adapt’ » qui va booster le marché de la salle de bains. A notre connaissance, il n’existait pas de formation pour les concepteurs-vendeurs de SDB. Cette double expertise technique et commerciale est indispensable », commente Rachel Chermain, secrétaire générale de la FNAS (Fédération des Négociants en Appareils sanitaires chauffage climatisation canalisations).

Si certains de ses adhérents proposent déjà des formations en interne, la fédération souhaite généraliser ces modules et travaille actuellement sur un partenariat avec un organisme de formation pour la création d’un module de six jours (4 journées dédiées à la technique, 2 à la vente). « Cette formation sera destinée à de nouvelles recrues issues d’autres secteurs d’activité connexes ayant besoin de monter en compétences sur le marché de la salle de bains. Il est important de connaître les innovations du marché, les règlementations, le design mais aussi de pouvoir accompagner à la fois le professionnel et le client final. Nous espérons proposer une première session à la rentrée », ajoute la représentante de la FNAS

Afin de soutenir la montée en compétences des professionnels du secteur, la filière compte s’appuyer sur le projet d’Eco-Campus. A l’initiative du Syndicat francilien des entreprises de Génie Climatique et de Couverture-plomberie (GCCP), ce bâtiment flambant neuf de 12 000 m² ouvrira ses portes au mois de septembre à Vitry-sur-Seine. Sa vocation : former aux métiers de l’efficacité énergétique, de l’éco-construction, de la couverture et de l’électricité. « L’Eco-Campus vient répondre aux besoins de main-d’œuvre dans le Bâtiment et accueillera 1100 jeunes. Nous voulons ouvrir ce bâtiment à tous les nouveaux métiers de la transition énergétique », détaille Mériadec Aulanier, délégué général du GCCP. L’autre ambition de ce pôle de formation est d’accueillir 30 % d’apprentis supplémentaires par rapport à l’actuel CFA du lycée Maximilien-Perret, qui quittera le site d’Alfortville pour rejoindre ce nouvel écrin. Le CFA Delépine dédié aux métiers de l’électricité et de l’électrotechnique prendra également ses nouveaux quartiers sur ce site, ainsi que le GESTES pour les métiers du second œuvre-finition.

« Nous proposons des formations allant du CAP à l’ingénieur (en partenariat avec l’école des Mines), en passant par le BP, Bac Pro, licence professionnelle et BTS. Nous voulons ainsi rassembler, sur un même site, de la formation continue mais aussi de l’apprentissage et de la VAE (Valorisation des acquis de l’expérience) », ajoute Anne Heyer, directrice du CFA Maximilien Perret. Face au manque de formation autour de certains produits techniques, l’Eco-Campus, a créé une salle de 60m2 dédiée à l’Afisb. Des formations y seront proposées en fonction des besoins pour mettre en relation les métiers liés à la salle de bains. « Cette formation se divise en 4 blocs de compétences : plomberie, électricité, maçonnerie (plaquiste menuiserie) et le carrelage voire la peinture. L’objectif est de former des installateurs de salle de bains performants », détaille Anne Heyer. Par ailleurs, l'Afisb arborera l’enseigne « Salle de bains Académie » sur son stand lors du prochain salon Idéobain, du 3 au 6 octobre prochain. L’ambition est d’informer sur tous les dispositifs et formations disponibles sur le marché.