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Face à la flambée des prix, les artisans attendent « des preuves d’amour » 

Marie-Laure Barriera
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Le phénomène de pénuries et le contexte inflationniste constituaient déjà un caillou dans les rouages de la filière Bâtiment relancée dans une vraie dynamique depuis le 2ème semestre de 2020. Si cette reprise ne s’est pas depuis démentie (lire Résultats 1er trimestre 2022), les difficultés d’approvisionnement et la flambée des prix se sont également confirmées mois après mois. Pour mesurer la situation sur le terrain, la Capeb livre les résultats de son enquête d'opinions réalisée en avril auprès des artisans. 

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L’étude que vient de publier la Capeb*, réalisée auprès de ses adhérents dépeint une situation amplifiée. La guerre en Ukraine entraînant chez les chefs d’entreprise une inquiétude accrue mais surtout l’incapacité désormais à envisager une sortie de crise à court terme.

Une hausse de 18% des prix au 1er trimestre

La hausse moyenne des prix des matériaux exprimées par les chefs d’entreprises pour le 1er trimestre atteint 18 %, soit une augmentation équivalente à celle déclarée dans l’étude de janvier pour l’ensemble de l’année 2021. Conséquence directe : ils sont plus nombreux à répercuter les hausses de tarifs sur les devis (60 % contre 45 % en janvier). Les électriciens et les menuisiers-serruriers étant les plus nombreux avec respectivement 75 et 72 %. A l’inverse, sur l'aménagement-décoration-plâtrerie, cette part est seulement de 46 %.

La part répercutée est-elle aussi plus importante :  40 % (contre 33 % en janvier 2022), tandis que la réduction de la validité des devis à 15 jours est devenue nécessaire et donc plus fréquente. 
L’état d’esprit des entreprises artisanales, malgré des carnets de commandes à 103 jours, évoluent et l’étude d’opinions réalisée parallèlement fait ressortir trois difficultés marquantes exprimées par leur dirigeant : ils évoquent ainsi l’importance et la brutalité sans précédent de cette nouvelle crise, déplorent la très faible durée de validité des prix chez leur fournisseurs, et dénoncent également le délai de prévenance trop court voire inexistant des variations tarifaires. 

Des griefs que la Capeb a pu déjà exprimer à plusieurs reprises au sein du Comité de Crise créé sous la houlette gouvernementale, mais aussi directement auprès de Bruno Lemaire. Le souhait de voir au sein de la filière, les représentants de l’industrie, de la distribution et des entreprises signer une déclaration commune d’engagements réciproques n’a jusque-là pas été réalisé. Un premier pas a toutefois été franchi, rappelle Jean-Christophe Repon, le président de la Capeb, avec 8 partenaires qui ont signé « un code de bonne pratique » stipulant parmi les engagements, un maintien des prix sur 60 jours (sauf cas exceptionnel), un délai de prévenance de 8 jours en cas d’augmentation, notamment ((lire notre article complet). Un accord assez proche a également été trouvé avec le groupe Saint-Gobain. 
 

Impact des hausses de prix et difficultés d'approvisionnement

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Plus de transparence sur la constitution des tarifs

Si malgré toutes ces difficultés, les entreprises du bâtiment restent plutôt optimistes pour les six prochains mois, avec 53 % d’entre elles qui tablent sur une stabilité, et même 31 % qui misent sur une hausse, l’enjeu est de conforter cet optimisme. Dans la situation actuelle d’hyper inflation sur certains matériaux et équipements, Jean-Christophe Repon en appelle donc à plus de transparence sur la constitution des prix de la part des fournisseurs industriels et négociants. Et non sans une note d’humour appuie cette attente d’une formule : « Les déclarations des uns et des autres en faveur des artisans sont nombreuses, mais nous attendons maintenant des preuves d’amour et de solidarité ».

* Après celle de juillet 2021 et janvier 2022, 3ème étude réalisée par la CAPEB en avril 2022 auprès de 1 700 entreprises artisanales du bâtiment.

Marie-Laure Barriera
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