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La rénovation du parc existant, un combat européen
Publié le 20/05/2019
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En Europe, 250 millions de logements sont à remettre au dernier standard en termes de consommations énergétiques et de confort thermique, afin de réduire leur part dans les émissions de CO2 (36 % à ce jour). Plusieurs experts européens de la question se sont réunis ce 15 mai 2019 à l’Assemblée nationale à l’initiative de la députée Marjolaine Meynier-Millefert, co-animatrice du Plan de rénovation énergétique des bâtiments, afin de démontrer que les questionnements étaient partagés entre tous les pays de l’Union.
Une lutte commune sur le point d’être perdue ?
Le docteur Yamina Saheb, analyste des politiques d’efficacité énergétique, expose d’emblée les enjeux : « La probabilité de limiter la hausse des températures globales à seulement +1,5 °C dépend largement de notre capacité à réduire les émissions de carbone de façon drastique d’ici à 2030 ! En manquant d’ambition, nous risquons de rater le coche et de manquer les objectifs de l’Accord de Paris ». Selon la spécialiste, le secteur du bâtiment pourrait relever le défi s’il s’affranchissait du modèle purement libéral. Elle estime que les politiques actuelles tueraient le gisement d’économies d’énergies : « Les mécanismes de financement de la rénovation sont une entrave à la rénovation globale. Les instruments politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux ». Citant l’exemple du Passeport énergétique, proposé par certains acteurs en France et qui prévoit des rénovations par étapes, Yamina Saheb répond : « Ce serait comme mettre des dos d’ânes sur une autoroute ! ». Considérant qu’il s’agit de problématiques sociétales et environnementales, l’analyste souhaite une meilleure utilisation des fonds publics (14 milliards d’euros sont dépensés en France chaque année pour la rénovation, dont un tiers d’argent public) et plaide pour un Plan Marshall de niveau communautaire.
Brigitte Vu, experte en habitat auprès de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (Opecst), renchérit : « Les moyens ne manquent pas en France », rappelant que le budget de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) a été accru de 9 % en 2019, pour friser les 875 millions d’euros. Pour elle, le frein se situerait au niveau de la formation des professionnels. D’où l’idée d’une industrialisation de la rénovation, afin de gagner en qualité par des contrôles en atelier, de diminuer la durée et les nuisances des chantiers, et de réaliser des économies d’échelle en faisant un bond dans la productivité. Un peu à l’image de ce qui a été fait aux Pays-Bas avec le programme « EnergieSprong ». Là-bas, les maisons individuelles groupées sont isolées par l’extérieur en une semaine et équipées de panneaux solaires afin de parvenir à une température de 21 °C toute l’année, avec une bonne qualité de l’air intérieur et un maintien de la performance garanti sur 30 ans. Le tout financé par les économies d’énergie réalisées.
Une lutte commune sur le point d’être perdue ?
Le docteur Yamina Saheb, analyste des politiques d’efficacité énergétique, expose d’emblée les enjeux : « La probabilité de limiter la hausse des températures globales à seulement +1,5 °C dépend largement de notre capacité à réduire les émissions de carbone de façon drastique d’ici à 2030 ! En manquant d’ambition, nous risquons de rater le coche et de manquer les objectifs de l’Accord de Paris ». Selon la spécialiste, le secteur du bâtiment pourrait relever le défi s’il s’affranchissait du modèle purement libéral. Elle estime que les politiques actuelles tueraient le gisement d’économies d’énergies : « Les mécanismes de financement de la rénovation sont une entrave à la rénovation globale. Les instruments politiques ne sont pas à la hauteur des enjeux ». Citant l’exemple du Passeport énergétique, proposé par certains acteurs en France et qui prévoit des rénovations par étapes, Yamina Saheb répond : « Ce serait comme mettre des dos d’ânes sur une autoroute ! ». Considérant qu’il s’agit de problématiques sociétales et environnementales, l’analyste souhaite une meilleure utilisation des fonds publics (14 milliards d’euros sont dépensés en France chaque année pour la rénovation, dont un tiers d’argent public) et plaide pour un Plan Marshall de niveau communautaire.
Brigitte Vu, experte en habitat auprès de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et techniques (Opecst), renchérit : « Les moyens ne manquent pas en France », rappelant que le budget de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) a été accru de 9 % en 2019, pour friser les 875 millions d’euros. Pour elle, le frein se situerait au niveau de la formation des professionnels. D’où l’idée d’une industrialisation de la rénovation, afin de gagner en qualité par des contrôles en atelier, de diminuer la durée et les nuisances des chantiers, et de réaliser des économies d’échelle en faisant un bond dans la productivité. Un peu à l’image de ce qui a été fait aux Pays-Bas avec le programme « EnergieSprong ». Là-bas, les maisons individuelles groupées sont isolées par l’extérieur en une semaine et équipées de panneaux solaires afin de parvenir à une température de 21 °C toute l’année, avec une bonne qualité de l’air intérieur et un maintien de la performance garanti sur 30 ans. Le tout financé par les économies d’énergie réalisées.
Embarquer la performance dans tous les travaux
Pour Mariangiola Fabbri, du Buildings Performance Institute Europe (BPIE), au-delà de ces seules économies, résident d’autres enjeux de santé et de confort. Elle déclare : « C’est un problème d’équité et de justice. Il faut donc agir de manière juste et mesurée, en expliquant bien aux populations les objectifs et les moyens mobilisés pour y parvenir ». La spécialiste propose de prioriser les actions sur les bâtiments les moins performants et sur les ménages en situation de précarité énergétique. Elle préconise également de favoriser l’embarquement de la rénovation thermique à l’occasion de travaux d’amélioration ou d’entretien et recommande enfin de mener parallèlement un plan de transition à l’emploi « pour s’assurer une main d’œuvre de qualité ». Des éléments qu’elle partage avec Patrick Liébus, le président de la Capeb, qui précise : « Qui décide de faire les travaux ? Le client ! Pour réaliser des économies d’énergies ou simplement pour rénover ». Le représentant des artisans du bâtiment rappelle que la question de l’adaptation des logements au maintien à domicile sera l’un des prochains grands enjeux et que les entreprises devront être formées aux nouvelles solutions et technologies disponibles. Il plaide également pour une plus grande stabilité des aides dans les temps, qu’il s’agisse de Crédit d’impôt ou de TVA à taux réduit. Danyel Dubreuil, de l’initiative « Rénovons ! », pointe lui aussi les limites de la politique publique française : « Elle n’est pas coordonnée entre le national et le niveau régional/local. Il n’y a pas de déploiement de système d’information et de conseil, ni de suivi et d’amélioration de la connaissance statistique. Il est donc difficile d’estimer les effets de lutte contre la précarité ». Les experts estiment par exemple que l’objectif de 500.000 rénovations par an sans niveau de performance minimal devrait être remplacé par une comptabilité officielle et la définition d’un standard de rénovation lourde RT. Pour les aides, ils suggèrent de s’inspirer du modèle allemand et d’indexer les subventions en fonction du niveau de performance et des revenus du ménage. Enfin, il apparaît nécessaire de fiabiliser le Diagnostic de performance énergétique (DPE), en le transformant en véritable audit.
La professeure d’économie Carine Sebi, se montre quant à elle plus positive. Elle conclut : « La rénovation est une triple opportunité : celle d’améliorer la balance commerciale de la France en diminuant les importations d’énergies fossiles, celle d’améliorer la situation sur le front de l’emploi et celle d’améliorer les conditions de vie des Français ». Le plus difficile sera de passer des bonnes idées – dont l’Hexagone et ses voisins ne manquent pas – aux actes.
Pour Mariangiola Fabbri, du Buildings Performance Institute Europe (BPIE), au-delà de ces seules économies, résident d’autres enjeux de santé et de confort. Elle déclare : « C’est un problème d’équité et de justice. Il faut donc agir de manière juste et mesurée, en expliquant bien aux populations les objectifs et les moyens mobilisés pour y parvenir ». La spécialiste propose de prioriser les actions sur les bâtiments les moins performants et sur les ménages en situation de précarité énergétique. Elle préconise également de favoriser l’embarquement de la rénovation thermique à l’occasion de travaux d’amélioration ou d’entretien et recommande enfin de mener parallèlement un plan de transition à l’emploi « pour s’assurer une main d’œuvre de qualité ». Des éléments qu’elle partage avec Patrick Liébus, le président de la Capeb, qui précise : « Qui décide de faire les travaux ? Le client ! Pour réaliser des économies d’énergies ou simplement pour rénover ». Le représentant des artisans du bâtiment rappelle que la question de l’adaptation des logements au maintien à domicile sera l’un des prochains grands enjeux et que les entreprises devront être formées aux nouvelles solutions et technologies disponibles. Il plaide également pour une plus grande stabilité des aides dans les temps, qu’il s’agisse de Crédit d’impôt ou de TVA à taux réduit. Danyel Dubreuil, de l’initiative « Rénovons ! », pointe lui aussi les limites de la politique publique française : « Elle n’est pas coordonnée entre le national et le niveau régional/local. Il n’y a pas de déploiement de système d’information et de conseil, ni de suivi et d’amélioration de la connaissance statistique. Il est donc difficile d’estimer les effets de lutte contre la précarité ». Les experts estiment par exemple que l’objectif de 500.000 rénovations par an sans niveau de performance minimal devrait être remplacé par une comptabilité officielle et la définition d’un standard de rénovation lourde RT. Pour les aides, ils suggèrent de s’inspirer du modèle allemand et d’indexer les subventions en fonction du niveau de performance et des revenus du ménage. Enfin, il apparaît nécessaire de fiabiliser le Diagnostic de performance énergétique (DPE), en le transformant en véritable audit.
La professeure d’économie Carine Sebi, se montre quant à elle plus positive. Elle conclut : « La rénovation est une triple opportunité : celle d’améliorer la balance commerciale de la France en diminuant les importations d’énergies fossiles, celle d’améliorer la situation sur le front de l’emploi et celle d’améliorer les conditions de vie des Français ». Le plus difficile sera de passer des bonnes idées – dont l’Hexagone et ses voisins ne manquent pas – aux actes.
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