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Katabata, un projet fou pour aller capter les vents du Groenland

Grégoire Noble
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[Zepros Energie] Il semble logique d’implanter les éoliennes là où soufflent des vents puissants et constants. De cette idée est né « Katabata », un projet de déploiement d’aérogénérateurs au sud du Groenland, où gronde le glacial vent catabatique. Selon les chercheurs de l’université de Liège (Belgique), les turbines pourraient alimenter des unités d’électrolyse de l’eau et produire à bas coût de l’hydrogène, stockable, transportable et utilisable en chimie verte.

C’est l’un des principaux reproches que les opposants font à l’éolien : les hélices ne tournent jamais en permanence et le facteur de charge oscille entre 22 et 24 %. Et ils ajoutent que cela défigure les paysages français si plein de charme avec leurs clochers. Alors que diraient-ils si on posait des éoliennes très loin de chez eux, là où elles tourneraient plus vite et plus souvent ? Les scientifiques de l’université de Liège ont lancé une mission de recherche afin d’étudier les conditions régnant à la pointe sud du Groenland. Car il y souffle un vent catabatique, produit par une masse d’air froid dévalant un relief géographique, des hauteurs vers la côte, un peu à la façon du mistral bien français. Mais sur l’île danoise, ce vent se conjugue avec des vents océaniques (alimentés par la dépression d’Islande) pour souffler en continu à 60 km/h de moyenne avec des rafales hivernales mesurées à 180 km/h voire plus.

Deux chercheurs belges, Damien Ernst et Xavier Fettweis, estiment que le potentiel exploitable serait idéal pour produire de l’électricité peu chère qui serait utilisée pour réaliser l’électrolyse de l’eau et obtenir de l’hydrogène. Celui-ci pourrait ensuite être combiné à du CO2 atmosphérique capturé pour obtenir du méthane synthétique et renouvelable, utile comme carburant ou comme brique de base à la chimie. Selon les scientifiques, l’urgence climatique impose un changement d’échelle dans les projets et requiert l’implantation de telles unités là où elles seront les plus efficaces. Afin de préparer l’établissement éventuel de turbines et d’usines de conversion, trois stations météorologiques automatisées seront déployées sur place pendant 3 ans.

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Desertec s'est perdu dans le désert, Katabata sera-t-il dispersé par le vent ?

Toutefois, de nombreuses questions restent en suspens. L’acceptation des populations locales, en quête d’indépendance, à l’implantation d’un tel complexe industriel est sujette à caution. D’autre part, la fonte des glaces pourrait remettre en cause tout le modèle d’exploitation des vents catabatiques liés à la calotte polaire. D'autant que les coûts d'implantation si loin de grands ports et de réseaux routiers, risquent d'être aussi extrêmes que le climat local.

L’idée d’aller chercher l’énergie renouvelable où elle se trouve n’est pas nouvelle : au début des années 2000, le projet Desertec envisageait de déployer d’immenses champs photovoltaïques (à concentration ou classiques) dans le Sahara afin d’alimenter en partie l’Afrique et d’exporter le surplus vers une Europe en quête d’électricité durable. Mais l’idée s’était finalement enlisée dans les sables du désert… En sera-t-il de même pour Katabata ?

G.N.

Grégoire Noble
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