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« Donne-moi des outils, pas des fleurs ! » : les maçonnes s’imposent sur les chantiers de Buenos Aires

Denis Gentile
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Sur un chantier, les hommes seraient plus musclés et eux seuls pourraient effectuer des tâches difficiles. Vraiment ?

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Ce n’est pas du tout l’opinion d’Eva Iglesias, 36 ans, surnommée Evit :

« Ils disent qu’on n’a pas suffisamment de force. Pourtant tous les maçons ne sont pas musclés et grands, il y a beaucoup de petits avec du bide, ironise-t-elle. En plus, la plupart ont mal au dos, mais comme ils n'ont pas le droit de paraître faibles, ils ne disent rien ! »

Evit est argentine et sur ce chantier à Buenos Aires, elle n’est pas la seule femme. Il y a aussi Barbara Burruchaga, 21 ans, Valeria Salguero, une coiffeuse de 34 ans, Carolina Gutiérrez, architecte et maçonne de 37 ans et Andrea Figueras qui coordonne les travaux. Andrea constate que les femmes sont :

« plus perfectionnistes, qu’elles gardent le chantier plus propre et ne perdent presque jamais d’outils ! »

Au total, elles sont vingt femmes âgées de 29 à 59 ans, ayant préalablement reçu une formation en maçonnerie du gouvernement, qui font partie d’une équipe mixte sur ce chantier avec un salaire égal à celui des hommes.

Selon le syndicat argentin des ouvriers du bâtiment, le nombre de femmes a augmenté de 131% entre 2003 et 2010, même si elles ne représentent encore que 5% des effectifs.

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Pour ces maçonnes (« albañilas » en espagnol, mot féminisé et employé par le président de l’Argentine, Alberto Fernandez, pour les remercier de leur travail. Ce qui a d’ailleurs déclenché un véritable tollé !), c’est un véritable choix :

« Être une maçonne me rend heureuse, car jusqu’à maintenant on disait aux femmes qu'elles ne pouvaient pas l'être. J'aime le dire à mon père, qui est le plus surpris et qui y croyait le moins ! », avoue Barbara.

On le voit, si les femmes se font une place sur certains chantiers en Argentine, elles doivent encore se battre pour se faire une place chez elles. Ce que confirment les propos d’Andrea :

« Il y a les enfants, la nourriture, le repassage, etc. Les hommes eux rentrent chez eux et se font servir le repas. Il faudrait aussi l'égalité des tâches dans les foyers ! »

Et en France ? D’après la Fédération Française du Bâtiment (FFB), 12% des postes dans le secteur sont occupés par des femmes. Là aussi, on est encore loin de la parité ! D’autant que, comme nous le disait Diana Gonzales, présidente de Constructech Club, dans cette interview « Avec les femmes, le bâtiment innove et se digitalise ! » :

« Les femmes sont plus présentes dans la gestion, les ressources humaines ou encore la communication et moins présentes sur le chantier… »

Source : Las albañilas son una realidad en un país en crisis: "No me des flores, dame herramientas"

Denis Gentile
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