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Déchets du BTP : la FNBM maintient la pression collective

Stéphane Vigliandi
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[Zepros Négoce] Réélu pour une second mandat de trois ans à partir du 1er janvier 2020, Franck Bernigaud, le président de la FNBM, entend renforcer les actions des négoces, aux côtés des acteurs de la construction, sur les dossiers d'une filière REP Bâtiment et de la formation notamment.
« Préserver et amplifier ! » À l’occasion du déjeuner-débat annuel qu’organisait la Fédération du négoce bois et matériaux (FNBM), la semaine dernière, son président aura tenu un discours autant défensif qu’offensif. À commencer par la question liée à l’organisation de la collecte des déchets de chantier. Il s’agit d’« une problématique qui doit nous rassembler », a rappelé Franck Bernigaud devant pas moins de 190 invités (industriels, négociants, prestataires et institutionnels) réunis, le 20 novembre, au Pavillon Dauphine à Paris. Si le projet de loi dit “anti-gaspi” devrait, a priori, inscrire dans le marbre le principe d’une reprise gratuite des déchets à partir de janvier 2022, ce dispositif “pollueur-payeur” devra être compensé par un prélèvement sur la vente des matériaux de construction. Sur ce point, la fédération va continuer « inlassablement à rappeler que la mise en place d’une filière REP [la responsabilité élargie du producteur s’appuyant sur un éco-organisme], sans préfiguration commune et éloignée des contraintes économiques, aboutira inéluctablement à un renchérissement du prix des matériaux qui pèsera, in fine, sur le consommateur ». Le message s’adressait, en particulier, à Jean-Philippe Carpentier, le président de Federec qui réunit environ 1 300 entreprises du recyclage. Le chiffre d'environ 10% d'inflation sur le tarif des produits et matériaux de construction est d'ailleurs souvent cité.
Agissant « de concert », depuis plus de deux ans, avec 13 autres organisations professionnelles du Bâtiment et du recyclage, la FNBM a dit « s’investir de manière engagée » ; ses adhérents et leurs fournisseurs se positionnant comme « apporteurs de solutions ». Sur le dossier des déchets qui a monopolisé près de la moitié de son discours, Franck Bernigaud a d’ailleurs martelé que « c’est par le dialogue et par la collaboration » que « les déchets du BTP peuvent s’insérer dans un cadre de création de valeur et de recyclage ». Reste que la nouvelle mouture du projet de loi relatif à l’économie circulaire (dit “anti-gaspi”) n’a toujours « pas atténué [les] inquiétudes » des professionnels du négoce. Selon les organisations professionnelles, l'impact d'une filière REP Bâtiment est évalué à un peu moins de 2,9 M€ par an...

Les autres dossiers de la FNBM

Au-delà du sujet « parfois épineux et complexe » des déchets, Franck Bernigaud a indiqué que « la FNBM ne laissera personne parler en son nom ». Après trois ans de confrontations plus ou moins larvées, la fédération a ainsi officialisé sa sortie de la CGI (Confédération du commerce de gros) au 31 décembre prochain. Notamment pour « affirmer [son] autonomie » et son « identité conventionnelle ». Rattachée depuis avril 2019 à l’OPCO Constructys, elle y dispose de trois sièges. Lors de son discours, le président de la FNBM s'est d'ailleurs félicité, d’entrée de jeu, que « la convention collective du négoce des matériaux de construction, attaquée devant le Conseil d’État, a été validée par la Haute Juridiction ».
Sous-entendu : la FNBM est reconnue représentative de la branche du négoce de matériaux et de celle du négoce de bois – à 86 % pour l’audience salariale chez les spécialistes bois & dérivés. « Si la FNB [Fédération nationale du bois] se positionne dans une logique de filière bois, la FNBM s’inscrit dans une logique des métiers de la distribution BtoB et défend les intérêts de l’ensemble des négociants. Ensuite, ce sera à chaque négociant bois de prendre sa décision », confiait d’ailleurs au printemps dernier Franck Bernigaud.À l’issue de la sortie de la CGI, la fédération et son nouveau bureau (voir ci-dessous) appellent désormais à « avancer de concert » avec la FDME, la FFQ, la Fnas et la FND « pour bâtir ensemble une organisation commune » qui représenterait alors un effectif cumulé d'environ 145 000 salariés : 75 000 en négoce matériaux, 5 000 en bois & dérivés, 12 500 côté FDME, 19 000 pour la Fnas, plus de 7 000 selon la FND et 27 000 revendiqués par la FFQ. Dans le cadre de son second mandat, le président de la FNBM va ainsi proposer « début 2020 une rencontre » avec les quatre autres fédérations du secteur pour que la profession travaille à la création d’une confédération du négoce Bâtiment. En termes d’apprentissage et formation continue, la FNBM a enfin mis en avant que, via Constructys, «nous avons maintenant un guichet unique et identique à celui de nos clients ». Tout en reparlant de la charte "Négoce Partenaire RGE", la fédération pourrait d’ailleurs, a priori, réintégrer les dispositifs FeeBat (formations aux économies d’énergie). S. V.

PALETTES • Planches de salut ou de discorde ?

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Depuis janvier 2017, c’est un sujet de friction récurrent entre le négoce matériaux et certains fournisseurs. Après les fabricants de tuiles et produits en terre cuite, d’autres industriels ont déployé leur système de consignation des palettes en bois. Facturée aux négociants, la consigne permettrait, dans l’absolu, de réutiliser entre 5 à 10 fois les palettes* après reconditionnement chez les industriels.Parmi les derniers exemples en date : LafargeHolcim et sa démarche “Lafarge 360”.Souhaitant pouvoir préserver jusqu’à 7 500 tonnes de bois par an, le cimentier a opté, entre autres, pour une nouvelle génération de palettes en bois renforcées et de taille unique (soit 1 150 x 950 x 130 mm). Le dispositif qui est en place depuis cet automne, doit garantir « au moins six rotations pour chaque palette » durant toute sa durée de vie, selon Olivier Guise, le DG France du pôle Commerce Ciment pour la marque Lafarge ; la consignation étant facturée aux négociants dès le 1er décembre 2019. Lors de son discours, Franck Bernigaud a pourtant souligné que la problématique des déchets du BTP ne doit « pas servir d’opportunité à des politiques commerciales pour valoriser une aléatoire consigne/déconsigne ». * La palette en bois est considérée comme un déchet d'emballage (bois de catégorie A)
Stéphane Vigliandi
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