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Conjoncture production des matériaux : rebond automnal après le repli de l'été

Quentin Nataf
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Un ralentissement des rythmes d’activité en ce début d’automne fait suite au recul subit au cours de l’été, selon les derniers chiffres publiés par l'Unicem pour le BTP. Toutefois, dans le Bâtiment, la demande, elle, ne faiblit pas, dans un contexte de tensions sur l’approvisionnement et les prix des matières premières. Bien que la production de matériaux ait enregistré une progression au cours du mois de septembre et se place aux niveaux enregistrés avant la crise sanitaire, une réelle reprise des prises de commandes est toujours attendu.

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Comparé à août, septembre aurait enregistré un rebond de la production de matériaux avec une hausse de +1,1 % pour les granulats et +6,5 % pour le BPE. Toutefois, l’activité des granulats en septembre reste en deçà des niveaux observés en 2020 (-1.2 %) ou en 2019 (-1.4 %). Si on compare les trois derniers mois (juillet, août et septembre) aux trois mois précédents (avril, mai et juin) on constate un recul de -3.1 %. Ce déclin s’explique par un dynamisme de premier semestre qui s’essouffle. Sur une note plus positive, l’activité des granulats s’élève à +13,3 % au-dessus du niveau d’il y a un an. Un chiffre qui reste proche du niveau de 2019 : -0,4 %. 

Si on s’attarde sur le BPE, on constate une reprise digne du niveau de septembre 2019 (+0.4 %). C’est toujours inférieur à ceux de 2020 (-2.3 %). Si on applique le même schéma de comparaison que pour les granulats, le parallèle entre les trois derniers mois et les trois mois les précédants est de -3,5 %. La comparaison avec les trois mêmes mois de 2020, à l’issue du premier confinement, est plus nette : -7,8 %. Comme pour le granulat, si on calcule le total des 9 premiers mois de l’année, les livraisons de BPE sont au-dessus du niveau de 2020 (+14,1 %) mais légèrement inférieur à 2019 (-0,9 %).
Commun à tous, le recul d’activité au cours de l’été n’a pas épargné le marché des minéraux. Sur un an, il atteint -8,2 % . Cependant, une comparaison des 9 premiers mois de 2021 à ceux de l’année passée indique un chiffre favorable : +12,5 %. Même si on compare à l’année 2019, c’est une progression de +1,1 %. 

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Analyse du contexte

Une confiance assurée
La confiance des chefs d’entreprise se maintient. C’est ce qu’affirme l'enquête de l’Insee en octobre auprès de professionnels du bâtiment, et relayée par l'Unicel. Le climat des affaires, malgré un léger décrochage comparé aux mois précédents, reste donc favorable. Les carnets de commandes plafonnent à 9,7 mois dans le gros œuvre. Pourtant, les tensions sont acérées. Le niveau des capacités de production utilisées est à un niveau très élevé : 93,1 % (contre 88 % en moyenne sur la longue période). Toujours dans le gros œuvre, 71,8 % des entreprises attestent de difficultés à recruter alors qu’un peu plus de la moitié d’entres elles (58,9%) ne peuvent plus produire plus. Le secteur du bâtiment, lui aussi, est concerné par ces difficultés d’approvisionnement. Huit fois supérieur à la moyenne, 15 % des entreprises sont concernées par ces difficultés. Plus de la moitié d’entre elles témoignent également de difficultés d’offre. Un impact qui se fait sentir, en effet cette situation influe directement sur le coût des chantiers et leur délai de réalisation. Les chefs d’entreprise ont donc annoncé en octobre l’augmentation de leur prix.

Un marché dopé
Dans la construction, le niveau d’avant-crise est de retour pour les mises en chantier dans le segment du résidentiel. Un cumul de 12 mois en fin de septembre permet de dénombrer 387.800 logements commencés (387.800 en fin février 2020). Une progression de +1,6 % sur les trois derniers mois connus comparés aux trois mois précédents. C’est +0,8 % pour l’individuel et +2,1 % pour le collectif. Selon Markemétron, sur douze mois à fin septembre, 140.300 maisons ont été vendues. Un volume amplement supérieur à celui d’avant crise, pour un marché dopé par de nombreux facteurs. La perspective de la mise en œuvre de la RE2020 (dès 2022), alliée à de moins bonnes conditions de crédit à venir et à la hausse des prix boostent ainsi le marché en partie. La demande, elle, était soutenue par un bas niveau des intérêts, des offres de crédit bancaire adaptée au resserrement des critères d’octroi et surtout l’expérience du confinement.

Si on s’intéresse aux permis, le nombre de dépôt a dépassé ceux précédant la crise sanitaire. Fin septembre, le cumul des dépôts sur les douze derniers mois est de 464.000 unités, contre 458.200 à fin février 2020. Soit une différence de 5.800 dépôts.
La possibilité d'une dynamique liée aux mesures inspirées du rapport Rebsamen, à la prolongation du Pinel et du PTZ donne espoir. L’espérance d’alimenter l’activité constructive pour 2022 en incitant les demandes de permis par les acquéreurs privés, promoteurs et bailleurs sociaux. Un désir tâché par le recul de la construction non-résidentielle. 25,2 millions de Mm², c’est la surface totale sur douze mois des locaux commencés à fin septembre. Loin des 28,7 Mm² en fin février 2020, c’est tout de même +2 % comparé au niveau des douze mois précédents. Un constat similaire pour les surfaces autorisées. Pour 37,3 Mm² et une hausse de +4,8 % sur la même période, cela reste en dessous des niveaux précédant la crise (-9,3 %).

Quentin Nataf
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