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Bâtiment : activité maintenue en 2019-2020 mais inquiétude sur les marges

Grégoire Noble
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[Zepros Bâti] Selon la Fédération Française du Bâtiment, l’année devrait se terminer sur une croissance de l’activité de +1,2 % et une prévision pour 2020 de +0,8 %. Mais selon le président Jacques Chanut, de fortes inquiétudes existent pour la suite, avec la disparition du PTZ, l’évolution du CITE en prime ou l’impact de mesures sur le GNR et les déchets du bâtiment…
Le rebond de l’activité du secteur Bâtiment en 2019 s’est bien matérialisé : elle s’établira sur l’ensemble de l’année à +1,2 %. Jacques Chanut, le président de la FFB, déclare : « En faisant un peu d’autosatisfaction, l’étude prospective 2025 que nous avions publié en 2016 avait vu juste ». Et l’année 2020 devrait également être positive, avec une progression – certes un peu moins forte – de +0,8 %. Cependant, cette croissance reste elle-même sujette à caution, comme le rappelle le président : « Elle reste soumise à des conditions institutionnelles, comme le maintien du Prêt à Taux Zéro en zones B2 et C, ainsi qu’à un accès au crédit conservé ».
Le responsable note toutefois que les investissements se tassent inexorablement et qu’un retournement de l’activité pourrait même se profiler à la fin de 2021. Car si les perspectives pour le monde de la construction sont encore correctes pour 2020, avec des carnets de commandes qui se maintiennent à un niveau assez haut (environ 6,5 mois d’activité), ce qui rassure les entrepreneurs et artisans, il y a un net recul des mises en vente de logements (-20 %). Pour le logement social, Jacques Chanut annonce : « Le plus dur est passé et nous retrouvons une certaine stabilité avec environ 90 000 agréments donnés ». Si la maison individuelle reste plébiscitée, c’est au détriment du collectif qui a vu ses permis de construire et mises en chantier diminuer, de respectivement -10 et -5 %. Une tendance dont les impacts seront réellement perceptibles en 2021, compte tenu des délais plus longs de ces projets. L’activité du non-résidentiel constitue une bouée pour la construction : l’année 2019 a été particulièrement dynamique (+3,5 %) et 2020 sera encore positive (+2,2 % annoncés). Surfaces autorisées et mises en chantier sont au beau fixe avec +6 ou +7 %. Quant aux activités d’amélioration-entretien, la croissance a été quasi-nulle cette année (+0,2 %). Pour l’année qui vient, la FFB estime que la progression sera meilleure (+0,9 %) avec un effet d’anticipation de la fin du CITE qui entraînera une hausse des prises de commandes à la fin de 2019 (afin d’en bénéficier encore) se traduisant par des chantiers supplémentaires en 2020. Mais, là encore, le président de la fédération tempère : « La menace est forte sur le 2e semestre : nous craignons une baisse de l’activité avec le changement en prime, plus complexe et moins généreuse ». L’Anah, en charge de gérer cette prime, pourrait connaître un flottement de plusieurs mois avant de parvenir à traiter les dizaines de milliers de dossiers qu’elle recevra. Paradoxalement, le marché de l’ancien n’a jamais été aussi haut, avec plus d’un million de transactions enregistrées, ce qui devrait bien se traduire par des travaux de rénovation des biens. La FFB veut donc encore croire à une progression de ces réhabilitations, performantes énergétiquement ou pas. Au global, le secteur du bâtiment devrait créer 10 000 emplois en 2020 pour faire face aux besoins accrus, ce qui ne manquera pas de tendre un peu plus le marché des ouvriers qualifiés, déjà difficiles à trouver selon Jacques Chanut.
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Mais c’est la situation financière des entreprises qui le préoccupe : « Elle reste délicate. La hausse des coûts subie par nos entreprises, du fait de la suppression de l’avantage sur le gazole non-routier pour les industries extractives par exemple, entraîne une facturation plus élevée de +4,5 à +5 %, notamment sur le béton, ou sur les déchets. Et par effet ciseaux, nos entreprises vont être obligées d’augmenter les prix ». La restauration des marges sera le combat de 2020 annonce Jacques Chanut. Sur l’environnement institutionnel, il milite pour le maintien du PTZ, « pour la justice sociale et territoriale ». Selon le président de la FFB, ce dispositif comme le Pinel, font régulièrement l’objet d’attaques de la part de Bercy, qui ont pour unique conséquence de déstabiliser le marché. Sur la question des aides à la rénovation, le président souligne le problème du reste à charge pour les ménages modestes et précaires, qui s’élèvera encore à 10 voire 25 % des montants engagés : « Il y a des discussions à mener avec les collectivités locales pour combler la différence ». Interrogé sur la mise en place d’une filière REP des déchets du BTP, le berjallien réagit : « Après la mort du maire de Signes au mois d’août, il y a eu des réactions peut être intempestives, comme l’idée de rendre gratuite la reprise des déchets. Mais de quoi parle-t-on ? 78 % sont déjà traités dans des bennes pour partir au recyclage. Il reste 22 % de déchets diffus, où les artisans doivent se rendre en décharge. Le sujet est là ». A la FFB, on suggère de densifier le réseau de points de collecte acceptant ces déchets et d’étendre les horaires d’ouverture pour faciliter leur dépôt. Jacques Chanut reconnaît que certains matériaux doivent améliorer leur taux de revalorisation comme le verre plat ou le bois traité, mais il insiste : « La gratuité ça n’existe pas. Tout à un coût », estimant que la filière REP coûterait 3 Mrds € par an qui seraient à leur tour répercutés sur les coûts de construction par l’instauration d’une taxe d’un ordre de grandeur de 7-8 % !
Enfin, sur le conflit des retraites, le représentant de la FFB rappelle que des négociations avaient été engagées dès 2011 autour d’un compte épargne temps, qui avaient été balayées par la réforme sur la pénibilité de 2014. Une réforme « inapplicable en raison d’une traçabilité individuelle infaisable ». Pour le bâtiment, Jacques Chanut espère une bonification pour les travailleurs ayant commencé leur carrière avant leurs 20 ans, qui pourraient ainsi partir en retraite avec 2 ans d’avance. Il souhaite que cette mesure soit cumulable avec le statut de métier « physique » reconnu à d’autres secteurs. « Nous avons besoin de précisions. Mais le financement doit être mutualisé entre toutes les branches et tout le monde. Sinon il y aura un renchérissement du coût du travail », conclut-il.
G.N.
Grégoire Noble
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