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[Autoconsommation] L’hyperspécialiste Alaska Énergies devenu généraliste

Stéphane Vigliandi
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Positionné à l’origine sur le marché des panneaux solaires, le grossiste lyonnais a élargi son champ d’activité à l’univers du chauffage, de la climatisation et de la ventilation (CVC). Une diversification entamée depuis quelques mois sur fond d’inflation et de problèmes d’approvisionnement dans la filière du Bâtiment.

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EN PHOTO • D’hyperspécialiste du photovoltaïque, l’enseigne à l’ours blanc Alaska Énergies devient un généraliste des EnR solaires et thermiques. En 2020, pour diversifier ses sources de revenus, le grossiste a structuré une offre complémentaire en CVC. S’appuyant sur deux agences, il prévoit d’ouvrir deux sites supplémentaires en région lyonnaise à Craponne et Villefranche-sur-Saône.

Faire des logements le premier poste de production et d’électricité ? Lorsque, tout début 2010, Virgile Suavet crée l'enseigne Alaska Énergies, c’était déjà pour lui « une évidence » et son « intime conviction » – presqu’« une profession de foi ». Ingénieur de formation et sensibilisé très tôt aux questions liées au stockage de l’énergie, le dirigeant s’est toujours posé en ardent défenseur et promoteur « acharné » de l’autoconsommation photovoltaïque.

Malgré les errements liés à l’éco-délinquance et « le traumatisme » qui a frappé les acteurs de la filière à l’issue du moratoire de 2011 (suspension des aides de l’État sur le tarif de rachat), Virgile Suavet n’en démord pas. « Couplées à des systèmes constructifs biosourcés et intelligents, l’autoconsommation solaire, la flexibilité énergétique et la décarbonation des usages sont les garants du bâtiment à énergie positive. La RE 2020 ouvre de formidables perspectives aux EnR photovoltaïques et thermiques », martèle-t-il. Son concept Alaska Énergies, le jeune manager l’a construit et fait évoluer après avoir racheté l’entreprise d’un concessionnaire Mitsubishi installé à Jonage, en banlieue lyonnaise.

Son mot d’ordre à l’époque ? « S’appuyer sur un portefeuille volontairement restreint de marques, mais axées premium, et capitaliser sur la profondeur de gamme pour proposer des solutions clé en main. Au-delà du conseil et de la formation, nous apportons aux installateurs et aux couvreurs un accompagnement sur mesure en mode projets : dimensionnement des installations, démarches administratives, financement, sous-traitance, assurances, SAV intégré. À l’époque, nous étions sur un marché de niche. Ce positionnement a contribué à rassurer nos clients », argumente le DG d’Alaska Énergies qui revendique une croissance d’activité d’environ +30 % par an.

En avril dernier, la PME rhônalpine a même connu la consécration. L’EuPD Research, un institut de recherche allemand centré sur les problématiques de RSE et d’économie circulaire, lui a décerné le prix “Top PV Fournisseur 2021”*. « C’est le fruit de plus de onze années d’analyse du marché photovoltaïque en France et en Europe », attestait alors Loïc Rodet, le directeur commercial du distributeur.
* Pour la France, les résultats de l’étude de l’EuPD Research s’appuient sur l’analyse de données collectées au 2e semestre 2020 auprès de 100 installateurs photovoltaïques.

Rayons de soleil…

Sur le fond, la philosophie n’a pas bougé d’un iota. Mais l’an dernier, l’hyperspécialiste rhodanien a « rajouté une “brique” » à son plan de vente en intégrant des solutions thermiques (PAC, ventilation double flux, eau chaude sanitaire) et d’e-mobilité.

« Ce sont des univers que nous adressions à la marge, mais qui nécessitent de disposer d’un libre-service et d’un showroom. Courant 2020, nous avons ouvert deux agences à Jonage (69) et Alby-sur-Chéran, près d’Annecy (74), où se trouve notre entrepôt qui stocke environ 30 000 panneaux solaires bi-verre. Depuis le début de l’année, l’enseigne diffuse son premier catalogue dédié au CVC. Il vient compléter une offre de plus de 900 références en EnR, accessoires (hydrauliques, électriques, gainables) et outillage. D’ici à fin 2021, une quinzaine de recrutements est prévue pour, entre autres, intensifier l’activité sur le thermique, mais aussi soutenir les ventes en solaire collectif dans le neuf », détaille Virgile Suavet.

Outre les mesures de soutien de l'État fin 2020, il pointe « une évolution notoire » de la loi du 27 février 2017 sur l’autoconsommation d’électricité : particuliers et entreprises peuvent désormais consommer tout ou partie de leur électricité sur un même site. C’est « l’un des rayons de soleil qu’attendait la filière de l’autoconsommation pour accélérer la transition énergétique du pays », rappelle-t-il.

D’ailleurs, en octobre 2019, sélectionnée aux côtés de 27 autres entreprises, l'enseigne a intégré l’Accélérateur Transition Énergétique : un programme développé par Bpifrance et l’Ademe pour soutenir la structuration du secteur de l’énergie verte. Aux côtés de sa sœur Ondine avec qui il a cofondé la société MyLight Systems en 2014, Virgile Suavet œuvre à développer des solutions de batteries et de stockage virtuels, et des systèmes prédictifs intelligents pour optimiser l’autoproduction et l’autoconsommation solaire.

« L’autonomie totale n’est plus une utopie. Avec ce type de configuration, un foyer peut atteindre un taux de 70 % d’autoconsommation contre 30 % en moyenne pour une installation classique », rappelle-t-il. En avril 2019, MyLight Systems et Alaska Énergies (filiales du groupe Cime Capital) avaient d’ailleurs réalisé une levée de fonds de 6,5 M€ auprès de Paris Fonds Vert pour contribuer à « accélérer la démocratisation du solaire ».

Autoconsommation, solutions embarquées (chauffe-eau pilotés, climatisation asservie, radiateurs électriques intelligents…) et gestion des déchets (recyclage des panneaux solaires, batteries…) : la filière photovoltaïque revendique « un impact carbone maîtrisé », rappelait en mars dernier un collectif d’industriels de EnR*.
* Les dix signataires du Collectif d’industriels des énergies renouvelables sont Aura Digital Solaire, Comwatt, Dualsun, la Fédération française des entreprises de génie électrique et énergétique (FFIE), Lancey Energy Storage, Lucioles, Monabee, NED, Néomitis et Zehnder Acova.

…et zones d’ombre

Résultat ? Après un exercice 2020 plutôt stable, l’activité d’Alaska Énergies s’est « à nouveau très fortement accélérée depuis mars 2021 ». En juin, le chiffre d’affaires mensuel devrait quasiment avoir doublé par rapport à juin 2019. Selon cet acteur régional, « tous les voyants sont, a priori, au vert pour développer le marché » malgré les vicissitudes qu’a connues la filière en 2020 avec la crise Covid : retards de livraison des modules produits en Chine, calendrier des constructions de projets affectés, et ralentissement des puissances raccordées dès le deuxième trimestre 2020.

Selon l’édition 2020 du baromètre Observ’ER, « le manque de visibilité ne s’est pas depuis totalement dissipé » pour les professionnels du photovoltaïque français. « Depuis février 2020, le prix des modules photovoltaïques continuent d’être en surchauffe », constate Virgile Suavet. Selon la marketplace PVXchange, l’inflation a atteint +8,8 % entre janvier 2021 et juin pour les modules bifaces.

Au printemps, Alaska Énergies a pris beaucoup d’engagements de commandes auprès de ses fournisseurs. Mais « la crise sanitaire continue de déstabiliser la chaîne d’approvisionnement en modules et PAC, mais aussi pour les crochets de fixation en toiture entre autres. Les coûts de transport, eux, continuent de s’envoler (±8 000 $ par container venus de Chine en mars dernier vs 12-14 k$ cet été) », souligne le dirigeant.

Avec de nouveaux retards pour livrer les chantiers et un attentisme chez les porteurs de projets ? Alors qu’une filière française du photovoltaïque tente d’émerger (projets Belenos en Alsace et REC Solar en Moselle), « Il faudra peut-être encore faire le dos rond pendant quelques mois, estime-t-il. Mais sur les lots techniques, Alaska Énergies couvre désormais presque tout le spectre du bâtiment à énergie positive. En élargissant notre offre au CVC, nous avons aussi diversifié notre portefeuille clients (TPE, PME, grands comptes) tant en diffus qu’en non résidentiel. »

Autre point de satisfaction : le flux de clients via le ProShop du distributeur opérationnel depuis un an. Si la commande on-line capte actuellement 3 à 5 % des ventes, ce canal aurait généré environ un tiers des ouvertures de comptes depuis le début 2021.

Un concept à l’export

Tout en se définissant comme « un acteur régional historique » sur le marché de l’autoconsommation solaire, Virgile Suavet continue de regarder par-delà les frontières pour développer l’activité d’Alaska Énergies. Dès 2012, le distributeur s’est positionné en Suisse romande ; puis trois ans après en Roumanie.

« Dans ces deux pays, le marché du stockage énergétique et de l’autoconsommation est très développé et mature », argumente le dirigeant. Il prévoit ainsi d’ouvrir « prochainement » un point de vente en Suisse. Après l'Italie fin 2018, le distributeur est entré sur le marché espagnol l'an dernier. En 2020, l’export a drainé environ 20 % du chiffre d’affaires de la PME.

Alaska Énergies • Chiffres-clés

• 19 M€ HT de CA en 2020 (stable vs 2019) ; plus de 30 M€ prévus en 2021

• 75 % du CA avec le photovoltaïque ; 25 % en thermique ; 90 % en rénovation

• 46 salariés dont 50 % de commerciaux itinérants

• 2 points de vente à Jonage (69) et Alby-sur-Chéran (74)

Environ 6 000 références en stock ; 1 entrepôt de 4 000 m² couverts + 1 hub logistique sous-traité à Meyzieu (69)

Environ 800 comptes clients actifs
(Source : Alaska Énergies)

Stéphane Vigliandi
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