REP Bâtiment : la FDMC appelle (toujours) à relever le critère de surface à 10 000 m²

Chute de près de 15 % dans la construction neuve, hausses de prix de 25 à 30 % pour certains matériaux, coûts de production au-delà des 10 % dans les TP, écocontribution… Sans vouloir noircir le tableau, c’est pourtant un discours très mobilisateur qu’a prononcé Franck Bernigaud. C’était aussi l’un de ses derniers en tant que président de la fédération. Après deux mandats de trois ans, il passera le témoin à Marie Arnout dès le 1^er janvier prochain.

« Jamais, même en plein cœur de la crise sanitaire, la situation ne se sera avérée plus complexe qu’aujourd’hui », a souligné Franck Bernigaud devant plus de deux-cents invités (négoces, industriels, prestataires, fédérations). Comme lors du déjeuner-débat de l’an passé, il a assez longuement revenu sur l’inflation – voire la stagflation – que subit la filière à la suite des corrections de l’après-Covid et auxquelles, désormais, s’agrègent les effets de la guerre en Ukraine.

Ce sont là des éléments « humainement douloureux, politiquement incertains et économiquement perturbants ». Appelant la profession à « voir plus loin, réfléchir au-delà, anticiper et comprendre », le patron de la FDMC a donné carte blanche à Hubert Védrine, l’invité d’honneur. L’ex-ministre des Affaires étrangères a ainsi apporté son éclairage face à l’emballement « certain » du contexte international. « Il faut s’adapter à un monde dans lequel l’Occident n’a plus le monopole de la puissance », a-t-il martelé.

De son côté, face aux multiples crises et défis qui frappe le négoce, la fédération a rappelé suivre à « un rythme dense » tous les dossiers dans le cadre du comité de suivi de crise du BTP installé par Bercy mi-2021. À propos de la feuille de route de la transition écologique, si l’application de la RE 2020 reste « un sujet complexe et susceptible d’ajustements », Franck Bernigaud juge que « son coût soit plus faible qu’estimé préalablement, du moins sur certains produits ».

Même constat concernant la filière REP PMCB (produits et matériaux de construction du bâtiment) et le barème des écocontributions*. « Elle ne devrait pas non plus, dans sa première année d’application, accroître de façon significative les coûts », selon lui. Néanmoins, la FDMC qui siège dans les quatre éco-organismes, maintient « toute son attention » à son suivi. Lors des Assises du BTP, fin septembre, la fédération avait une fois encore recommandé de relever le critère de seuil pour les agences éligibles à la collecte des déchets de chantier.

« Dès les premières rencontres avec les pouvoirs publics, nous avons milité pour ce seuil de surface à 10 000 m². Avec le seuil de 4 000 m², ce sont 95 % des points de vente de nos adhérents qui sont concernés. Il y aura donc une surabondance de points de collecte dans les points de vente ! Dans ce contexte, si le seuil n’est pas relevé, le modèle économique ne sera pas viable. Quant à l’écocontribution, nous allons recommander à nos adhérents de la répercuter », a souligné Franck Bernigaud.

De son côté, l’Afenbat (Association de formation et d’études du négoce des produits du bâtiment) a annoncé sur son compte LinkedIn qu’elle organisera le 13 décembre prochain une formation dédiée à l’entrée en vigueur effective de la REP PMCB.
* Dans un communiqué publié le 20/11/2022, onze fédérations professionnelles (Afipeb, Afisb, Filmm, FNB, Snip…) ont appelé les pouvoirs publics « à figer le dispositif » (liste des produits et tarifs d’écocontribution) pour ne pas bloquer la mise en œuvre de la REP.

Parmi les bonnes nouvelles toutefois ? Une détente sur les prix de certains matériaux* tels que les aciers et les ossatures bois), les aides d’État à la rénovation énergétique revues à la hausse par la loi de finances rectificative, la signature du programme Oscar ou encore le protocole de sobriété énergétique des négoces.

Côté conjoncture, la FDMC constate depuis le printemps dernier une baisse des volumes de ventes par rapport à 2021, notamment auprès des clients particuliers. Mais comparée à l’avant-crise Covid, l’activité reste encore sur de bons niveaux concernant les chantiers de rénovation.

Pour sa part, la future présidente a indiqué qu’elle poursuivra son action « dans le chemin tracé » par son prédécesseur. Marie Arnout va continuer à « accroître le rayonnement de la FDMC dans la filière de la construction ». Avec la volonté, entre autres, d’attirer les talents dans une profession où les métiers restent toujours en tension.
* Lors des “24 heures du Bâtiment” ce 18 novembre, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie a annoncé que l’Observatoire des prix des matériaux sera officialisé à partir du 1^er janvier 2023. Il ne s’agissait que d’une expérimentation jusqu’à présent.