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Le dernier “bouclage” de Marie-José Nicol

Stéphane Vigliandi
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Marie-José Nicol.

La plus célèbre des journalistes du secteur Brico & Jardin, Marie-José Nicol, terrible et légendaire patronne du magazine BricoMag, s’en est allée discrètement le 8 août dernier. Elle qui, pourtant, avait fait de l'extravagance sa signature. Philippe Méchin, l’un de ses lieutenants les plus fidèles, lui rend hommage en nous emmenant côté coulisses.

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Extravagante certes, mais... (par Philippe Méchin)

Marie José Nicol, 1951-2023

Extravagante certes, mais pas que… C’est sur la pointe des pieds, au cœur d’un mois d’août assoupi, que Marie-José Nicol* s’en est allée. Pour la dernière fois, elle a encore surpris son monde avec une pirouette bien significative d’une vie hors du commun.

C’est en effet rien de dire que cette femme fut hors norme. Et, au fond, bien malin qui peut dire qui elle fût vraiment ! Pour l’avoir côtoyée pendant de nombreuses années, sa réelle personnalité laisse perplexe.

Était-t-elle seulement cette diablesse éruptive, ce personnage que l’on voyait et entendait arriver, vêtue de tenues chamarrées qu’elle aimait tant, à mi-chemin entre une princesse d’Orient et un avatar de Barbara Cartland l’âge venant ?

Était-elle seulement cette pourfendeuse de pratiquants de la langue de bois ? Était-elle cette provocatrice fustigeant parfois violemment celles et ceux qu’elle désignait comme ses adversaires et qui avaient l’outrecuidance de lui dire “Nonʺ ?

Était-elle aussi méchante, aussi agressive que d’aucuns le disaient ? Il y a certes un peu, voire beaucoup de tout cela. Mais la réduire uniquement à ce rôle de personnage entouré d’ennemis qu’elle poursuivait de ses impitoyables saillies est bien réducteur.
* Fondatrice des revues BricoMag, Confortique, Mobilium & Cuisign, Marie-José Nicol avait dû cesser son activité professionnelle en mars 2020 pour raison de santé (Ndlr).

Tout a commencé à “La Quincaillerie Moderneʺ

Marie José n’était certes pas un ange, et n’a jamais cherché à l’être, c’est un euphémisme. Sans concession, sans compromis, tant vis-à-vis de son entourage proche ou de ses clients et partenaires, elle était, il faut bien le dire, extrême dans ses jugements, son comportement, ses attitudes, son expression verbale.

Elle choquait souvent par la brutalité de son langage et son rapport à autrui. Cette vie n’a bien évidemment pas été sans conséquence, tant sur le plan professionnel que personnel. Après un passage comme chef de publicité dans un titre dénommé La Quincaillerie Moderne, Marie-José déboula un jour tel un ouragan dans les secteurs professionnels de l’aménagement de la maison, de l’électroménager, du bricolage… bousculant toutes les conventions !

Elle y aura passé plus de trente ans − coiffant à la fois les casquettes de patronne de presse, rédactrice-en-chef et commerciale, montant inlassablement à l’assaut des annonceurs, arpentant les salons du matin au soir, intervenant dans les conférences de presse via des sorties souvent dérangeantes, mais aussi très fréquemment pertinentes. Son engagement hors normes aura marqué de son empreinte son passage dans ces univers, quoique l’on puisse en penser.

Elle cachait d’étonnantes fragilités

Mais MJN, comme elle aimait à se faire nommer, n’était pas que cet être d’un bloc, sans nuances .Elle savait aussi être bienveillante, chaleureuse, généreuse dotée d’un solide sens de l’humour. Ses anecdotes en off étaient savoureuses. Au fond, elle n’était dupe de rien.

Elle mettait souvent en scène ses colères, ses indignations, ses fâcheries et ses réconciliations. Elle avouait d’ailleurs regretter de ne pas avoir été comédienne de théâtre. On ne peut que la croire tant il est vrai que derrière le masque, elle cachait d’étonnantes fragilités, blessée par une vie privée pas toujours facile et une fracture narcissique qu’elle dissimulait derrières ses tenues vestimentaires excentriques, son langage châtié, ses provocations.

Elle était bien plus complexe que ce que l’on pouvait imaginer, surjouant finalement un personnage dont elle était devenue quelque peu prisonnière. Ainsi était Marie-José Nicol qui a quitté ce monde en toute discrétion, un soir d’été, comme une dernière provocation.Toujours est-il que ceux qui l’ont connue ne l’oublieront pas ! Philippe Méchin

Cérémonie ce 18 août

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Marie-José Nicol.

Celle qu’on adorait détester !

La reprise du magazine BricoMag en 2020, le patron du groupe Zepros, Philippe Paulic, y tenait beaucoup. Comme une forme d’hommage à celle qui partait en retraite. Aujourd’hui, il se joint à la rédaction de Zepros Habitat, mais aussi de toutes les équipes Zepros pour adresser ses condoléances à la famille de Marie-José.

Quant à moi, toute ma vie de journaliste dans ce secteur, j’ai rencontré des fournisseurs et des distributeurs qui la critiquaient vertement, mais qui n'envisageaient pas une seconde de “s’en passerʺ... à de rares exceptions près.

Elle savait le respect que j'avais, que nous avions, pour sa ténacité d’éditrice même si nous ne partagions par ses méthodes. Lors d’un déjeuner à fleuret moucheté où nous envisagions déjà de travailler ensembles (RBJ et BricoMag), nous avions très vite conclu, nous en amusant, que c’était impossible : « Vous êtes journaliste, me disait-elle. Moi, je viens du marketing », expliquant qu’elle n’avait aucune vergogne à mettre la pression sur un annonceur pour qu’il... annonce. 

En somme, elle préférait mettre cette pression que la subir ! Sûr que, là-haut, Saint-Pierre va être bon pour prendre “une double pageʺ s’il veut une paix éternelle !

La rédaction et toute l’équipe de Zepros s’associent à la douleur de sa famille et de ses proches, et leur présentent leurs plus sincères condoléances. Pierre Dieuzeide

Stéphane Vigliandi
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