Sylvalliance avance sur tous les fronts
En cours de semaine dernière, les négoces spécialistes bois et dérivés du groupement d’indépendants se sont retrouvés à Orléans pour leur neuvième salon annuel. L’occasion de faire le point avec la présidente et le délégué général de Sylvalliance sur les différents dossiers en cours.
Plus de 350 personnes dans les allées et sur les stands, 81 équipes Achat venues découvrir les innovations produits, négocier les tarifs et passer commandes. « Tous les ans, notre salon monte chaque fois plus en puissance. Cette neuvième édition a accueilli 88 fournisseurs. C’est quatre de plus comparés à l’édition 2023 dans les univers bois-panneaux, isolation, menuiserie et l’offre LS », annonce Stéphanie Wacker-Gabriel, élue présidente de Sylvalliance en août 2022.
Côté négoces, « ce sont dix équipes d’acheteurs supplémentaires par rapport à notre huitième édition. Ce qui représente 125 visiteurs : dirigeants, chefs d’agence et collaborateurs », précise Benoit Venessy, le délégué général du groupement.
Au global, plus de 1 100 rendez-vous d’affaires ont été pris – environ cent de plus par rapport à la session de l’an passé. « Une preuve que ce rendez-vous est devenu incontournable dans la vie de notre groupement », se félicite sa présidente.
Après un test mené lors du salon en 2022 jugé « très positif et bien accueilli par les adhérents », la présence de stands de prestataires s’inscrit désormais dans le temps long : frais généraux, loueur de camions avec et sans chauffeurs, spécialistes d’équipements pour les agences et entrepôts (rayonnages, racks…).
« Depuis 2023 et encore plus en 2024, nous revenons aux fondamentaux du commerce dans un contexte plus compliqué dans le Bâtiment, en particulier sur le marché du neuf. »
Stéphanie Wacker-Gabriel, présidente de Sylvalliance
Conjoncture : inquiétudes pour 2024-2025
Après un exercice 2022 où l’activité des vingt-deux adhérents s’est affichée à 1,1 Md€, 2023 aura été plus tendue. « Tous les chiffres ne sont pas encore consolidés, mais le groupement devrait avoir clos l’année entre -4,5 % et -5 % environ avec un effet prix qui a pu, parfois, impacter les chiffres d’affaires de l’ordre de… 40 % ! Jusqu’à la rentrée, le niveau d’affaires restait pourtant plutôt bien engagé tant en valeur qu’en volume », constate la présidente.
Sur le terrain, les membres du groupement ont subi « une nette érosion des volumes au 4e trimestre 2023 ; principalement à partir d’octobre. Tout comme en décembre, la baisse a parfois été à deux chiffres chez certains adhérents. Novembre a été plus stable », déplore pour sa part Benoit Venessy. Certaines familles ont d’ailleurs été plus impactées que d’autres (voir ci-dessous).
À l’heure de la déflation
• Tarifs divisés par 3 environ en charpentes et ossatures bois, tout comme l’OSB.
• Panneaux filmés dont le coût du fret avait atteint un pic de l’ordre de 8 000 à 12 000 € le container de 20 pieds entre mi-2020 et fin 2021.
• Sur d’autres univers produits tels que l’aménagement extérieur, il y a eu un effet de lissage en 2022, notamment en lames de terrasse bois.
« Toute la chaîne de valeur est confrontée à la très forte érosion du neuf qui s’accélère depuis 2023. Jusqu’en juin dernier, si les artisans disposaient encore d’environ six mois de carnets de commande en neuf et entretien-réhabilitation, la chute des permis de construire – déjà perceptible depuis tout début 2023 – a mis sous tension l’activité des charpentiers et menuisiers en particulier », constate Stéphanie Wacker-Gabriel.
Avec des effets collatéraux : notamment « un net manque de visibilité chez les négociants », mais aussi « une plus grande vigilance de rigueur sur le poste crédit-clients ».
Quel a été l’impact sur les stocks qui demeurent « la force du groupement » ? « Les adhérents n’ont pas forcément modifié leur politique de stock [comparés à ce qui a pu se passer chez certains acteurs multispécialistes matériaux et spécialiste finitions dès fin 2020 : Ndlr]. La priorité dans les agences : rester vigilants sur la valeur de stock. En 2022, les marges n’ont pas vraiment été touchées ; un peu plus l’an passé en raison de la déflation. La question des marges sera encore plus prégnante cette année et, sans doute, au-delà », analyse-t-elle.
« Avec la chute du neuf, des entreprises générales et des cémistes basculent vers le segment porteur de la rénovation. »
Benoit Venessy, délégué général de Sylvalliance
Consolidation(s), mutualisation et “exclus”
Reste que Sylvalliance entend conserver un esprit de « partenariats forts et sur la durée » avec ses fournisseurs. Membre de CMEM, il continue de développer des offres commerciales et promotionnelles pour tenter de compenser une activité en repli.
Pourquoi ? « Entre mi-2020 et 2022, la filière du Bâtiment a été portée par une demande exceptionnelle – en particulier pour les travaux de rénovation, mais aussi d’extension et surélévation », rappelle la cheffe de file du groupement.
Plus que jamais sans doute, « la centrale œuvre à renforcer les volumes en vue de faire bénéficier aux adhérents des gains sur les achats face à une concurrence aujourd’hui très agressive sur le plan commercial », lui fait écho le délégué général.
Quant à Woodalliance – « l’alliance du bois » nouée en 2019 avec son confrère Nebopan –, la greffe a bien pris. « Nous comptions dix-neuf fournisseurs en 2023 ; déjà deux de plus cette année, note Benoit Venessy. Mais ce chiffre ne devrait pas aller au-delà d’une bonne vingtaine de marques, voire une trentaine tout au plus. Chaque fournisseur référencé est sélectionné pour une famille de produits spécifique. »
De là à lancer une ou plusieurs MDD comme Nebopan ? « Aujourd’hui, ce n’est absolument pas à l’ordre du jour de notre commission Achats. Les adhérents n’en éprouvent pas le besoin. Nous travaillons plutôt sur des dossiers globaux comme les panneaux bruts et décoratifs, les ossatures bois, les isolants minces et solutions biosourcées », argumente la présidente.
La REP Bâtiment au cœur des débats
Sur les stands et dans les allées, la REP PMCB (produits et matériaux de construction du bâtiment) était “le” sujet d’actualité tandis que les barèmes 2024 des écocontributions sont publiés au compte-goutte*. Avec un certain nombre de questionnements chez les négoce bois, panneaux et dérivés.
Le barème 2024 est d’ailleurs incomplet, puisque les écocontributions des produits et matériaux en bois n’y figurent toujours pas à ce jour. Les montants devraient toutefois être connus, a priori, fin février prochain (voir encadré ci-dessous).
* Valdélia a publié ses barèmes début 2023. Valobat les a diffusés partiellement courant janvier 2024, tandis que ceux des deux autres éco-organismes, Écomaison et Écominéro, ne sont pas encore connus (au 24/01/2024).
80 % du flux de déchets du Bâtiment sont collectés directement sur les chantiers.
(Source : Ademe)
Chez Sylvalliance, les adhérents ont le choix entre Valdélia et Écomaison « en fonction de ce qui leur convient le mieux », précise Benoit Venessy. En septembre dernier, lors de sa plénière, le groupement a poursuivi ses réflexions. « Sur nos vingt-deux sociétés membres, très peu sont encore prêtes de façon opérationnelles dans les agences éligibles », admet néanmoins Stéphanie Wacker-Gabriel.
Ce que confirme le délégué général. « Au-delà du sujet crucial du montant des écocontributions, se pose aussi la question de l’organisation dans les agences, l’emprise foncière des bennes, la formation du personnel chargé de vérifier le tri des déchets, etc. », énumère-t-il.
RSE, RDUE et RH
Sylvalliance s’est aussi saisi d’autres dossiers. À commencer par la RSE : « Nous avons déjà enclenché une dynamique et allons formaliser les choses courant 2024. Mais, globalement, nous sommes plutôt bien positionnés en la matière », convient la présidente.
Sur le plan environnemental et du sourcing (essences FSC et PEFC), les formations de l’association LCB (Le Commerce du bois) viennent d’ailleurs en soutien des négoces. Tout comme pour le RDUE (Règlement européen sur la déforestation).
« Certains de nos membres ont été contrôlés. Le résultat des audits a été positif. Nous avons aussi des process d’alerte de LCB et de la Fédération nationale du bois à propos, entre autres, des certificats CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction) pour les lames de terrasse bois », précise le délégué général. En écho, la présidente juge que « tout cela nous oblige à avoir une réflexion globale sur les essences et produits de substitution ».
Quant aux métiers en tension et au recrutement ? Des actions seront lancées cette année pour séduire notamment la génération Z (les personnes nées entre 1997 et 2010). La cybersécurité ? Là aussi, des préconisations du groupement sont en cours, d’autant que quelques adhérents ont été victimes de hackers en 2023. Sur tous ces dossiers, Stéphanie Wacker-Gabriel dispose encore de près de deux ans pour avancer avant que son premier mandat ne s’achève.
REP et produits en bois
Un récent projet d’arrêté ministériel – pas encore publié – prévoit notamment d’instaurer une « prime à l’emploi de ressources renouvelables gérées durablement » : elle viendrait abaisser de 50 % les écocontributions des solutions bois certifiées PEFC ou FSC. Le texte prévoit aussi de modifier les barèmes des écocontributions pour les bois rabotés et secs.
Sylvalliance • Chiffres-clés
• Chiffre d’affaires (ventes) estimé à 1,05 Md€ HT en 2023 vs 1,1 Md€ en 2022.
• 22 adhérents : Alfaje, Armengol, Bailly-Quaireau, Barillet, Bâtiland, Chambost, Chossière, Distribois, Drouaire, Gabriel, Ginisty, Houdard, Junet Bois, Lapeyre Quincaillerie, Masson, Meurant, SM Bois, Soboma, Sonnier, VC Wood, Vilatte et Yvon.
• 150 points de vente.
• Environ 2 300 collaborateurs.
(Source : Sylvalliance)